Faranah : Deux jeunes mobilisent les fous pour une opération d’hygiène au fleuve Niger.

Faranah, 24 avril 2024. Une scène peu ordinaire attire depuis quelques jours l’attention des habitants de Faranah.

Deux jeunes hommes, Habib Chérif alias Fatohdanchal et Mamady Condé alias Med-By, mènent une action sociale inédite : mobiliser les malades mentaux errants de la ville pour leur offrir des soins corporels et d’hygiène, en les conduisant à pied jusqu’au fleuve Niger.

Rencontrés à Tonkolonko 2, sur la route nationale Faranah-Kissidougou, entourés de plusieurs malades mentaux qu’ils encadraient avec calme et autorité, Habib Chérif revient sur les origines de cette initiative.

« J’ai commencé ce travail à Kankan, ma ville natale. Depuis, je sillonne le pays à moto avec mon équipe : Kissidougou, Guéckédou, Macenta, N’Zérékoré, Dabola, Dinguiraye… partout où les fous errants sont nombreux. Je les regroupe, je les lave, je les habille, je les rase. L’objectif est de leur rendre un minimum de dignité », explique-t-il, les mains encore trempées d’eau du fleuve.

Habib affirme n’attendre aucune récompense pour cette action, qu’il qualifie de « devoir citoyen » et d’« héritage de son père », qui maîtrisait, lui aussi, l’approche des malades mentaux.« Je n’ai besoin de rien en retour, si ce n’est un appui matériel et financier des autorités, des ONG et des bonnes volontés. Le vrai problème, ce n’est pas les fous : c’est le manque de moyens pour leur savon, leurs habits. Le reste, je sais le gérer. »

Son acolyte, Mamady Condé, partage cette passion sociale avec tout autant d’engagement.« Ce travail, je l’ai appris grâce à Habib. Il nous permet d’identifier aussi des personnes suspectes qui se font passer pour des fous. Quand on trouve des objets interdits sur eux, on les remet directement aux autorités. »

Les jeunes affirment recevoir souvent le soutien logistique de certaines autorités locales lors de leurs déplacements, mais lancent un appel national pour structurer davantage leur initiative.

Aujourd’hui, ils forment d’autres jeunes pour perpétuer cette œuvre humaine dans d’autres villes du pays. Pour eux, cette action est bien plus qu’un geste humanitaire : c’est un moyen de purifier les rues, de redonner de la dignité à ceux qui l’ont perdue… et parfois, d’éviter le pire.

Alors que la société détourne souvent le regard des marginaux, ces deux jeunes hommes ont choisi de les approcher avec respect et compassion. Un exemple rare, mais inspirant, de citoyenneté active en Guinée.

Alpha Amadou BarryChef de bureau Gbaikandjamana Média – Sankaran

Tel : 623 47 83 39

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