Les marchés de la commune urbaine de Kankan traversent une crise sans précédent dans l’approvisionnement en produits halieutiques.

Cette pénurie, ressentie depuis plusieurs semaines, inquiète aussi bien les vendeuses que les consommateurs, tous pris dans l’étau de la rareté et de la cherté.

Au cœur du grand marché de Dibida, en ce début juillet, les étals regorgent de denrées alimentaires de toutes sortes.
Mais le poisson aliment riche en protéines et très prisé des ménages se fait rare et se compte désormais « du bout des doigts », comme le confient plusieurs commerçantes rencontrées sur place.

« Actuellement, le poisson est très cher et il n’y en a presque plus sur les marchés, se lamente Sira Sanoh. Avant, on pouvait acheter un carton à un prix abordable, aujourd’hui le prix a doublé voire triplé. Cette crise nous frappe de plein fouet, vendeuses comme clientes. »

Sa collègue Sogbè Condé renchérit : « Là où on pêche le poisson, il n’y en a plus assez dans l’eau, forcément ça crée la crise et ça joue directement sur nous. »

Sitan Kaba, spécialisée dans la vente de poisson fumé, pointe quant à elle la forte dépendance aux importations en provenance du Sénégal et de Conakry : « C’est ce poisson qu’on fume ici pour faire le konkoin. Mais même à Conakry on ne trouve plus ce poisson fumé, tout vient du Sénégal maintenant. Quand on parvient à en avoir, c’est hors de prix, et au final nous n’avons presque aucun bénéfice. »

Face à cette situation, les vendeuses lancent un appel pressant aux autorités. « Nous demandons au ministère de la Pêche et de l’Économie maritime de nous venir en aide. Les femmes souffrent énormément sur les marchés à cause du manque de poisson et de la cherté. Cela nous ferait vraiment plaisir si des mesures étaient prises pour soulager nos difficultés », plaident-elles d’une même voix.

Pour rappel, le ministère de la Pêche et de l’Économie maritime a instauré un repos biologique sur les eaux guinéennes depuis le 1er juillet 2025, dans le but de préserver les stocks et d’assurer la durabilité de la ressource.

Une mesure salutaire pour l’avenir, mais qui, pour l’heure, plonge Kankan dans une pénurie qui ne dit pas son nom.
Lamarana Barry et Alhassane Yansané pour www.gbaikandjamana.org
📞 623030899