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Un pays plutôt en quête d’âme, la Guinée n’est pas un pays pauvre par nature, elle est affaiblie par la corruption de ses valeurs. Aujourd’hui, la société guinéenne se trouve devant un miroir moral brisé car ceux qui pillent la nation sont acclamés, et ceux qui servent avec dignité sont marginalisés.
Dans nos quartiers, nos marchés, nos universités, l’intégrité est moquée comme une naïveté. Le fonctionnaire qui n’a pas « profité » de son poste est traité de « maudit ». Ce renversement moral est le symptôme d’une crise de civilisation et, si la jeunesse guinéenne, cette majorité silencieuse et puissante, ne se réveille pas, notre pays continuera à glisser vers une jungle où la loi du plus rusé remplacera la justice du plus juste. Amadou Hampâté Bâ affirmait à ce propos que « Ce n’est pas la richesse qui fait la noblesse d’un peuple, mais la droiture de ses enfants. »
1. QUAND LE VOL DEVIENT VERTU C’EST LA DÉFAITE SILENCIEUSE DES VALEURS.
Les études récentes sur la gouvernance publique en Guinée (PNUD, 2022 et Transparency International, 2023) révèlent un paradoxe douloureux : » le citoyen guinéen respecte souvent celui qui a volé avec intelligence, non celui qui a travaillé avec honnêteté. » Ce phénomène n’est pas anodin. Il s’agit d’un renversement culturel, d’une normalisation de la tricherie, où le mal devient socialement désirable et d’ailleurs ne constatons nous pas que dans les cérémonies familiales, le corrompu distribue des billets et est félicité comme un « bienfaiteur ».
Le fonctionnaire intègre, lui, est perçu comme un raté.Mais la vérité est simple : un pays où l’on honore les voleurs finit toujours par être volé de son avenir. « L’argent volé ne construit jamais la paix d’un peuple. » disait Nelson Mandela
2. UNE JEUNESSE ENTRE LUCIDITÉ ET TENTATION :
La jeunesse guinéenne vit aujourd’hui dans un double paradoxe, d’un côté, elle aspire à la réussite, au confort et à la reconnaissance ; de l’autre, elle se heurte à un système où le mérite est remplacé par le piston, et la compétence par la ruse.Ce contexte pousse beaucoup de jeunes à croire que la seule voie de réussite est celle du raccourci c’est dire la voie de la fraude aux examens, de la corruption pour un poste, du favoritisme pour une bourse. Pourtant, chaque fois qu’un jeune choisit le mensonge plutôt que l’effort, il prolonge la maladie nationale.La vraie révolution guinéenne ne se fera pas dans la rue, mais dans le cerveau et la conscience des jeunes car, changer la Guinée, c’est refuser de tricher, même quand tout le monde le fait mais, c’est aussi faire de l’intégrité un acte de résistance.
3. HÉRITER OU REFONDER ? LE CHOIX D’UNE GÉNÉRATION :
La génération actuelle a deux options, soit elle : Hériter d’un système pourri et s’y adapter, ou Refonder la République sur des valeurs d’éthique, de responsabilité et de justice sociale. Des pays comme le Rwanda ou le Botswana ont prouvé qu’il est possible de transformer une culture politique corrompue en une gouvernance exemplaire, grâce à la discipline morale et à la responsabilité collective. Ces nations ne sont pas devenues prospères par miracle, mais parce que leur jeunesse a compris que la vraie bénédiction n’est pas dans le vol, mais dans la contribution honnête au bien commun. La Guinée aussi peut le faire si sa jeunesse accepte d’être la génération de la rupture morale.
4. QUE FAIRE ? LE DEVOIR MORAL DE LA JEUNESSE :
Le changement ne viendra ni des anciens corrompus ni des promesses politiques mais, de vous, jeunes guinéens, étudiants, artisans, entrepreneurs, enseignants, journalistes, musiciens. Et, voici les fondements d’une renaissance éthique possible :
1. Refuser la glorification du vol. Ne vous laissez pas impressionner par la richesse injuste. Derrière chaque villa mal acquise, il y a un hôpital sans médicaments.
2. Pratiquer l’intégrité quotidienne. Refuser de tricher à l’examen, de falsifier un document ou de mentir pour obtenir un avantage, c’est déjà un acte révolutionnaire.
3. S’engager dans la société civile vertueuse en créant des clubs éthiques, des associations d’étudiants contre la corruption, des espaces de débat moral.
4. Valoriser les modèles positifs comme par exemple, parlez des professeurs dévoués, des médecins honnêtes, des entrepreneurs transparents en leur donnant la même lumière que celle qu’on accorde aux riches mal acquis.
5. Cultivez le patriotisme de la vérité. Aimer la Guinée, ce n’est pas la défendre aveuglément, c’est la vouloir meilleure.Les jeunesnguineens doivent savoir que « Le courage, c’est de dire non à la facilité, même quand le monde entier applaudit la trahison. » pour reprendre Cheikh Anta Diop
En depit de tout cebqui precede, la jeunesse doit se battre sabs repis pour une Guinée de l’honneur et de la justice et, la Guinée n’a pas besoin de nouveaux slogans politiques mais plutot de nouveaux citoyens moraux car, chaque jeune guinéen qui choisit la droiture devient une digue contre la décadence parce que chaque conscience éclairée devient une pierre dans la reconstruction de la République.
Il faut commencer a refuser que le voleur soit honoré, et l’intègre méprisé car, un peuple qui bénit ses bourreaux se condamne lui-même à l’esclavage moral.La vraie bénédiction, jeunes de Guinée, n’est pas dans le vol impuni, mais dans le service loyal à la nation et, la vraie malédiction n’est pas la pauvreté, mais l’acceptation du mal comme normalité.
Le temps est venu pour que vous, jeunes de Guinée, choisissiez de faire partie de la génération qui rendra à la République son âme comme l’affirmait un sage. « L’avenir appartient à ceux qui construisent avec des mains propres. »

Aimé Stéphane MANSARÉ SOCIOLOGUE, Expert-consultant en Sciences sociales du développement, Directeur général du CERFOP/CNT-Guinée.