Au cours des deux dernières décennies, nous avons assisté à une prolifération des écoles privées tant à Conakry qu’à l’intérieur du pays. Ainsi les écoles privées demeurent un atout mais aussi une faiblesse pour notre système éducatif.
Le développement des établissements scolaires à caractère privé est une bouffée d’oxygène pour le monde scolaire guinéen en ce sens qu’il permet de combler l’insuffisance criarde que connaît notre pays en terme d’infrastructures scolaires publiques.
Les écoles privées représentent un atout énorme pour notre système éducatif. Elles sont celles qui permettent d’absorber une partie importante de la population scolaire guinéenne au regard de l’insuffisance notoire de la capacité d’accueil des écoles publiques.
Au regard du rythme effréné de l’augmentation de la population scolaire guinéenne, l’on est en droit d’affirmer que sans ces écoles privées, de nombreux enfants guinéens seraient aujourd’hui privés du droit à l’instruction.
L’autre apport qu’apporte les écoles privées à l’État guinéen est celui de l’emploi des milliers de jeunes diplômés qui sortent chaque année de nos différentes institutions d’enseignement.
Ce qui fait de ces établissements scolaires de véritables pourvoyeurs d’emplois dans notre pays. Tout ceci constitue un mérite incontestable pour les écoles privées de Guinée par ricochet, un mérite pour les promoteurs d’écoles privées.
Cependant, si les écoles privées sont un atout pour notre système éducatif éducatif comme l’illustrent les avantages cités, il faut reconnaître qu’elles demeurent aussi une faiblesse. Du moins beaucoup d’entre elles.
L’une des faiblesses de nos écoles privées réside dans le fait que beaucoup parmi elles ont un caractère plus lucratif que pédagogique. La grande majorité des promoteurs d’écoles privées est plus préoccupée par le souci du gain matériel que par celui de la création de meilleures conditions d’enseignement apprentissage au sein de leur établissement scolaire.
La course à l’effectif pour plus de profits financiers conduit des fondateurs d’écoles privées à fouler au sol les règles les plus élémentaires qui régissent l’école guinéenne. La gestion des écoles au gré de leurs fondateurs, en violation de toute règle administrative et pédagogique tue la qualité du système éducatif guinéen.
Ce qui réduit les marges de manœuvre des encadreurs administratifs et pédagogiques au sein de ces écoles. Aujourd’hui, de nombreuses écoles privées sont des centres commerciaux plutôt que des centres d’instruction et d’éducation qu’elles auraient dû être. Dans la plupart des écoles privées, les élèves sont rois, épargnés de toute contrainte physique ou morale, quitte à affaiblir l’autorité des enseignants.
Dans certaines écoles privées des enseignants se sont vus radiés de l’effectif du personnel pour avoir eu des ennuis avec des élèves.
Ce qui prouve que pour beaucoup de fondateurs d’écoles privées, perdre un enseignant est préférable que perdre un élève. Un constat alarmant pour notre système éducatif et qui contribue davantage à son affaissement.
Au regard de tout ce qui précède, il est à souligner que si l’apport positif des écoles privées au système éducatif guinéen est indéniable, il faut cependant reconnaître que certaines parmi elles contribuent à sa dégradation à travers des pratiques antipédagogiques.
Par Moussa DIANÉ.