Ce Mercredi 18 juin 2025 à Monrovia pour cette deuxième journée de l’atelier régional sur la gouvernance du secteur extractif, organisé dans le cadre du projet de coopération entre les pays de l’Union du Fleuve Mano (UFM), la délégation guinéenne s’est particulièrement distinguée par la clarté, la pertinence et la profondeur de ses contributions.

Réparties en deux groupes, les différentes délégations présentes à Monrovia ont travaillé autour de trois axes essentiels : les bonnes pratiques, les défis rencontrés et les principales leçons apprises dans la lutte contre la contrebande et l’exploitation illicite des ressources minières.

Travaux du groupe des Comités de lutte anti-fraude : l’exemple guinéen salué Sous la présentation de M. Alseny Philip Condé, la délégation guinéenne a partagé un retour d’expérience détaillé et édifiant sur les efforts de terrain déployés aux frontières.

Bonnes pratiques mises en œuvre :
– Création d’un réseau d’informateurs communautaires composé de conducteurs de taxi-motos, de mineurs artisanaux et de chasseurs locaux. Leur connaissance du terrain et leur vigilance ont renforcé la surveillance communautaire.
– Campagnes de sensibilisation dans les zones d’exploitation artisanale, impliquant les exploitants, les chefs locaux, les femmes et les jeunes. Cette approche inclusive a facilité l’adhésion des populations à la lutte contre la fraude.
– Port de badges d’identification par les membres du comité, favorisant leur reconnaissance officielle et leur accès aux sites sensibles.
Difficultés rencontrées : L’attachement du comité à la commune rurale s’est révélé contre-productif dans certaines localités où les autorités locales ont refusé de coopérer, limitant la portée des actions du comité. L’inachèvement du plan d’action initial, dû à un manque de moyens logistiques et d’accompagnement, a freiné la réalisation de plusieurs activités.
Leçons apprises :
-Effet dissuasif de la mise en place des comités, qui a incité de nombreux fraudeurs à changer de comportement dès les premières interventions.
Nécessité d’un fort ancrage communautaire, car l’adhésion des acteurs locaux est un facteur déterminant dans la réussite des actions anti-fraude. entre collaboration régionale et contraintes opérationnelles.

La restitution des travaux du second groupe, sur l’application de la loi, a été brillamment assurée par M. Sékou Keita. Leur rapport a mis en lumière à la fois les progrès et les défis structurels dans la lutte contre la contrebande.

Bonnes pratiques identifiées : Renforcement de la coopération régionale, à travers des initiatives de collaboration transfrontalière avec les pays voisins de l’UFM et des partenaires internationaux.
Échanges d’informations en temps réel, facilitant la détection des mouvements suspects et la réactivité des forces de l’ordre.
Défis non surmontés : Insuffisance de moyens de déplacement adaptés, notamment pour les zones enclavées où les patrouilles deviennent quasi impossibles. Manque de moyens de communication sécurisée, ce qui fragilise la coordination des interventions sur le terrain.
Leçons tirées : Nécessité d’une meilleure appropriation des cadres juridiques internationaux, tels que la diligence raisonnable de l’UE ou le Processus de Kimberley.
Implication de certaines autorités locales dans l’exploitation minière par des étrangers, appelant à une vigilance accrue et à une régulation plus rigoureuse.

Une délégation guinéenne à la hauteur des enjeux régionaux Par la qualité de ses analyses et la rigueur de ses propositions, la délégation guinéenne a une fois de plus confirmé son rôle moteur dans la sous-région en matière de gouvernance du secteur extractif.

Alliant expertise, expérience de terrain et esprit de coopération, elle a été l’une des plus applaudies de cette journée de réflexion collective.

Monrovia retiendra longtemps cette participation guinéenne exemplaire, porteuse d’espoir pour une gouvernance plus juste, durable et inclusive des ressources minières en Afrique de l’Ouest.
Alseny Philip Denkè Condé pour le www.Gbaikandjamana.org