La capitale guinéenne se réveille sous le choc. Les violentes pluies qui se sont abattues dans la nuit du mercredi ont causé la mort de plusieurs personnes, d’importants dégâts matériels, et laissé des familles entières dans la désolation.

À Simambossiya, dans la commune de Ratoma, le drame prend une tournure glaçante avec le témoignage bouleversant de Benjamin Kamano, un enseignant qui a perdu quatre membres de sa famille.
Allongé dans sa chambre, affaibli par la maladie, Benjamin ne se doutait pas que cette nuit allait changer sa vie à jamais :
« Hier, à partir de 22 heures, quand ça menaçait de pleuvoir, j’ai dit aux enfants de rentrer. J’étais malade ces derniers temps, je ne dormais pas, mais hier le sommeil m’a pris un peu. Tout d’un coup, j’ai entendu les enfants pleurer. Je me suis levé brusquement et j’ai vu le matelas se soulever. Moi-même je me suis retrouvé dans l’eau. Quand j’ai voulu aller vers les enfants, l’eau était déjà à la porte. Le passage s’est bloqué. Sous la pression de l’eau, le mur est tombé », raconte-t-il, la voix tremblante.
Dans ce drame, quatre vies ont été fauchées : sa femme Maciré Kamano, la petite Maciré Soumah âgée de 5 ans, Maciré Kondano 3 ans, et N’Nâtoman, une adolescente de 17 ans. À l’heure où nous mettions sous presse, deux corps n’avaient toujours pas été retrouvés. « Ma femme n’a pas été emportée par l’eau, c’est le mur qui est tombé sur elle dans la chambre », ajoute-t-il, les yeux perdus dans le vide.
À quelques mètres de là, une autre famille pleure également ses morts. Mory Sangaré, encore sous le choc, témoigne :
« Mon jeune frère m’a appelé aux environs de 1h-2h du matin pour me dire que l’eau avait fait des dégâts. Son premier garçon et son apprenti sont décédés. Les corps étaient à la mosquée. J’ai essayé de venir mais l’endroit était inaccessible. C’est vers 2 heures que j’ai pu arriver. On ne pouvait rien faire… », confie-t-il.
Ces scènes de douleur, devenues presque habituelles à chaque saison des pluies, révèlent une nouvelle fois la vulnérabilité des quartiers de Conakry face aux inondations. Des familles endeuillées, des corps sous les décombres, et des questions qui restent en suspens.
Combien de morts faudra-t-il encore pour que les autorités prennent les mesures à la hauteur de cette tragédie silencieuse ?
Ahmadou Djogo pour Gbaikandjamana.org