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En Guinée, une génération entière de jeunes se retrouve piégée entre la peur et l’incertitude, alors que des conflits interreligieux, domaniaux et d’héritage menacent leur sécurité et leur avenir.
Dans un contexte où la violence s’intensifie, ces jeunes sont souvent forcés de choisir entre rester et risquer leur vie ou fuir vers l’inconnu. Ce premier numéro de l’enquête de l’un de nos reporters portera sur les contraintes sociales en Guinée, dont les tristes souvenirs de certains jeunes sont évoqués, afin que ceux-ci puissent être des leçons pour éviter d’autres éventuels cas dans l’avenir, car, les bras valide sont en train de quitter le pays.
Dans des régions comme N’zérékoré, capitale de la forêt, au sud-est de la Guinée, les jeunes sont souvent les premières victimes des violences exacerbées par des tensions religieuses. Beaucoup d’entre eux fuient leur foyer, abandonnant leurs études et leurs amis pour échapper à la menace de mort.
De 1990 à 2020, les tensions politiques, interreligieuses et communautaires, ont dominé cette grande ville de la Guinée. En 2014, au moment où la maladie à virus Ebola frappa le pays, Jean Pierre Gnabalamou, âgé de 20 ans au moment des faits, un jeune homme originaire de koulé, dans la préfecture de N’zérékoré, a été contraint de fuir sa famille et son pays, après s’être converti du christianisme à l’islam, faisant de lui la cible de persécutions religieuses et de menaces mortelles.
Dans cette localité, ville d’origine de capitaine Moussa Dadis Camara, ancien chef de la junte militaire au pouvoir en 2008, où la foi chrétienne est majoritaire et profondément ancrée dans la structure sociale, la conversion de Jean Pierre a été perçue comme une trahison insupportable par sa famille et son entourage.
Dès que sa nouvelle affiliation religieuse fut connue, il a fait face à un rejet violent, à des pressions constantes pour renier sa foi, et à des intimidations croissantes, l’obligeant de quitter le pays, au risque de ne pas se voir tuer.
« Sa famille lui avait donné un ultimatum, de faire marche arrière ou quitter la maison pour toujours. Sa vie était en danger immédiat » s’est confié l’un des proches de Jean Pierre Gnabalamou. Selon nos informations recueillies auprès de sa famille, jusqu’à date, le jeune Jean est privé de sa ville natale, pour sa conviction religieuse.
Au cours de cette enquête qui porte sur les jeunes victimes de menace de mort, d’emprisonnement et de tortures pour divers raisons sociaux en Guinée, nous nous sommes intéressés à un autre jeune, qui a également préféré quitter sa ville natale, au risque d’être tué à cause de l’héritage de son père.
Cette fois-ci, c’est à Kankan, l’une des plus grandes régions du pays, dont la question de l’héritage fait couler beaucoup d’encres et de salives dans plusieurs familles, suivi des menaces de mort, d’emprisonnement, voire même du charlatanisme.
« Ma mère lui a refusé d’être son épouse, après le décès de mon père » C’est le début du calvaire de Sékou KABA, orphelin de père et originaire du quartier briqueterie, dans la commune urbaine de Kankan.
En 2015, après le décès de Mory Kaba, maçon de profession, qui a laissé deux maisons, sa petite famille, notamment, sa femme Fanta Kourouma et son fils Sékou Kaba, ont été au centre de menace pour avoir défendu cet héritage.
Âgé de 21 ans au moment des faits, Sékou KABA était dans la logique de défendre les biens de son père, notamment, les deux maisons, dont, une partie d’une occupée par la famille, tandis que la seconde concession entièrement occupée par son oncle et sa famille, dans ce même quartier briqueterie, à kankan.
« Son oncle Moussa Kaba voulait sa vie coûte que coûte. Il l’a mis en prison pendant deux semaines. Il disait dans le quartier qu’il allait le tuer, c’était d’ailleurs son plan. Quand j’ai entendu ces rumeurs, étant sa mère, j’ai fait de mon mieux pour l’extraire de la prison, grâce à l’implication des personnes de bonne foi. Cependant, il a subi des tortures pendant les deux semaines qu’il a passées en prison, orchestrées par son oncle, suivi des menaces de mort. Sous les coups de toutes ces tortures, mon fils a eu de choc notamment, des maux de reines et autres et jusqu’à présent, il se plaint de douleurs. Voilà pourquoi il a décidé de quitter le pays » s’est confiée Fanta Kourouma en larmes, mère du jeune garçon.
Toujours dans la région de Kankan, cette fois-ci dans la préfecture de Siguiri. Lors de notre enquête, nous avons rencontré le procureur de Siguiri sur l’assassinat du feu Drissa Dansoko, tristement abattu par son oncle, pendant qu’il dormait, à cause d’une portion de terre, héritage du père de la victime.
Si les deux autres, Jean et Sékou ont eu le courage et la chance de quitter le pays, feu Drissa n’a pas eu cette opportunité. Selon le procureur de la République près le tribunal de première instance de Siguiri, Ibrahima 1 Camara, entre juin, juillet et août 2025, plusieurs affrontements liés au problème d’héritage et de conflit domanial ont été enregistrés à Siguiri.
Le dernier en date s’est produit dans la nuit du mercredi 27 août 2025 à Bouré Setiguiyah, dans une famille de Dansoko.
Video du procureur Ibrahima 1 Camara en manikakan.
« Il s’agissait d’un différend foncier qui a dégénéré. Vers 2 heures du matin, un jeune homme, Drissa Dansoko, a été mortellement poignardé au flanc gauche et à la poitrine par son oncle paternel, Billy Dansoko, le jeune frère de son père » a déclaré le magistrat Ibrahima 1 Camara, au micro de notre correspondant basé à Siguiri.
Billy Dansoko, le meurtrier a été arrêté et jeté en prison. Mais à quand, la justice sera rendue ?
Pour boucler ce premier numéro de notre enquête, nous vous proposons un reportage de nos confrères d’évasion TV, qui ont, dans l’une des éditions d’informations, traité un élément sur un conflit domanial qui a dégénéré entre frère et sœur à Conakry, capitale guinéenne.
Sans une intervention urgente, la Guinée risque de perdre une génération entière, sacrifiée sur l’autel de conflits qui pourraient être résolus par le dialogue et la compréhension mutuelle. La jeunesse guinéenne mérite un avenir, loin de la violence et des conflits, où elle peut s’épanouir et contribuer à la construction d’une société plus juste et pacifique.
Les jeunes exilés, dont les souvenirs sont hautement tristes, doivent être défendus par non seulement leur pays d’accueil, mais du gouvernement guinéen afin qu’ils puissent bénéficier d’une grâce et que justice soit faite, car, ils sont, la plupart, des faibles faces à des forces qui leur poussent à quitter le pays.

Vue d’ensemble de la ville de Kankan
Dans un autre numéro de notre enquête, d’autres sujets notamment, le mariage forcé, l’excision, le divorce et autres, seront les grandes lignes d’un article de presse.
Enquête de Souleymane Tata BANGOURA, journaliste d’investigation du média www.gbaikandjamana.org