La Fédération Guinéenne des Associations des Guérisseurs Traditionnels et Herboristes (FEGATH) durcit le ton face au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, dénonçant un présumé détournement de fonds et une tentative d’asphyxie de leur profession. Lors d’un point de presse tenu ce lundi 3 mars 2025 à la Maison de la Presse de Conakry, son président, Dr Mamadi Daman Traoré, et plusieurs membres ont fustigé l’attitude du ministère dirigé par Dr Oumar Djouwé Bah et l’immixtion de la Haute Autorité de la Communication (HAC) dans le dossier.

Un blocus imposé par la HAC et le ministère de la Santé.
D’après le président de la FEGATH, la HAC aurait récemment renforcé les restrictions imposées par le ministère de la Santé en exigeant que les tradipraticiens déposent leurs produits à Dubréka pour un contrôle préalable. Pire, une sanction financière de 50 millions de francs guinéens serait désormais infligée à tout guérisseur qui ferait la promotion de ses produits dans les médias.
« La HAC est venue renforcer le blocus imposé par le Ministère. Elle nous a demandé de déposer nos produits à Dubréka pour un contrôle. Ensuite, elle a décidé d’infliger une amende de 50 millions de francs guinéens à tout tradipraticien qui ferait la promotion de ses produits dans les médias », a dénoncé Mamadi Daman Traoré.
Cette décision de la HAC, prise à l’issue d’un atelier organisé au Palais du Peuple, est perçue par la FEGATH comme une tentative de museler le secteur. Selon la fédération, cela reviendrait à abandonner leur combat sans obtenir gain de cause.
Un cri de détresse adressé au Président Doumbouya
Face à cette situation qu’elle qualifie de « persécution », la FEGATH a adressé une lettre au Président de la République, le Général Mamadi Doumbouya, pour solliciter son arbitrage dans cette crise qui perdure depuis plus d’une décennie. Dans ce courrier, la fédération rappelle qu’elle possède des actes juridiques attestant de sa légitimité et qu’un protocole d’accord signé avec le ministère de la Santé en 2011 n’a jamais été respecté.
« Par la présente note, nous, membres de la Fédération Guinéenne des Associations des Guérisseurs Traditionnels et Herboristes en sigle FEGATH ayant pour Président Docteur Mamadi Daman TRAORE, venons très respectueusement solliciter humblement l’implication de votre haute autorité, dans la résolution de l’asphyxie dans laquelle le Ministère de la Santé et ses alliés ont plongé notre fédération depuis l’an 2011 à nos jours. »
Selon la FEGATH, les cadres du ministère auraient mis en place une structure parallèle, la FENAMETAGUI, dont l’illégalité aurait été établie par le ministère de la Décentralisation et le parquet de Kaloum. Cette organisation servirait, selon eux, à détourner les fonds alloués au secteur des tradipraticiens.
« Ils ont créé une structure fantôme dite FENAMETAGUI, dont l’illégalité a été établie par le Ministère de la Décentralisation et le parquet de Kaloum. À travers cette invention mafieuse, tous les fonds donnés par l’État et les bailleurs de fonds étrangers à notre profession sont détournés chaque année, ce qui plonge davantage les professionnels que nous sommes dans le sous-développement de notre secteur. »
Un combat qui ne fait que commencer
Déterminée à obtenir justice, la FEGATH promet de poursuivre son combat contre ce qu’elle qualifie d’injustice et de détournement.
« C’est au regard de l’ampleur des préjudices causés par le détournement que nous sollicitons l’intervention de votre autorité pour notre cause », conclut la lettre adressée au chef de l’État.
Créée en 2011, la FEGATH réaffirme sa volonté de défendre les intérêts des tradipraticiens guinéens et d’assurer la reconnaissance de leur rôle dans le système de santé du pays.
La balle est désormais dans le camp du Président Mamadi Doumbouya, qui devra trancher dans ce bras de fer opposant la fédération au ministère de la Santé et à la HAC.

Dédé Kaba pour le Gbaikandjamana.org