Depuis l’installation en septembre 2022 de la délégation spéciale à la tête de la commune rurale de Dialakoro, une série de dysfonctionnements et de décisions controversées plonge la localité dans une crise de gouvernance sans précédent.

Cette équipe dirigeante de la délégation spéciale est aujourd’hui largement contestée, accusée d’opacité, de favoritisme et d’incompétence notoire.
Pendant près de 3 ans, aucune session formelle n’a été organisée. Aucun rapport financier n’a été présenté à la population, ce qui a provoqué une frustration croissante.
Le récent aveu du président de la délégation spéciale, affirmant que « la commune ne dispose pas de budget », a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Sous la pression, une session a été organisée à la hâte, mais elle n’a abordé que l’exercice 2024, en occultant sciemment les années 2022 et 2023. Cette omission est perçue comme une tentative de dissimulation, accentuant la méfiance des citoyens.
Un autre sujet de discorde exacerbe les tensions : l’absence prolongée d’un président de la jeunesse.
La commune de Dialakoro, à la différence de nombreuses autres localités du pays, ne dispose toujours pas de représentant légitime pour sa jeunesse. Le président de la délégation spéciale s’oppose fermement au candidat soutenu par la majorité des jeunes, sous prétexte que ce dernier, un intellectuel, remettrait en cause son autorité. Une position dénoncée comme discriminatoire et rétrograde, d’autant plus que le président cherche à imposer un proche, également illettré, au mépris de l’intérêt collectif.
Sur le plan administratif, un autre scandale a éclaté lorsque le président a désigné son propre frère de lait comme responsable de l’état civil. Cette nomination arbitraire a été vivement rejetée par les sages, les jeunes et même certains responsables de district.
La situation est d’autant plus tendue que plusieurs présidents de district dénoncent le manque de communication et de considération de la part du président de la délégation.

Lancinet Koulibaly, président du district de Samory 2, témoigne : « Il a refusé de faire le bilan de 2022 et 2023 sous prétexte que nous n’étions pas encore en fonction. Il rejette systématiquement nos propositions car il ne sait ni lire ni écrire, et ne veut pas être entouré d’intellectuels. »
Rencontré par notre envoyé spécial, le président de la délégation spéciale Fanta Bakary Koulibaly a refusé de s’exprimer, invoquant l’absence de son secrétaire général et de plusieurs conseillers, promettant une réunion à venir avant toute déclaration publique.
Les habitants, quant à eux, se sentent abandonnés. Ils affirment que leur dirigeant actuel ne représente ni les idéaux du CNRD ni les aspirations de leur communauté. Ils en appellent à l’État, et surtout au président de la transition, pour une réforme urgente et une reprise en main de la gouvernance locale.
À Dialakoro, la population ne réclame pas l’impossible : elle exige juste la transparence, l’équité et le respect de ses droits fondamentaux.
Tant que les autorités compétentes ne trancheront pas avec fermeté, cette commune restera le symbole d’une gouvernance déconnectée des réalités citoyennes.
Alseny Philip Denkè Condé pour le www.Gbaikandjamana.org