À l’heure où la désobéissance des enfants, la vie de débauche et les dérives sociales se banalisent, force est de constater que nous vivons une époque difficile et sans précédent. L’éducation semble n’exister que de nom, le respect envers les parents et les aînés est en chute libre, allant parfois jusqu’à des actes extrêmes comme le parricide.
𝐂𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐞𝐱𝐩𝐥𝐢𝐪𝐮𝐞𝐫 𝐥𝐚 𝐜𝐫𝐢𝐬𝐞 𝐚𝐜𝐭𝐮𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐥’𝐞𝐝𝐮𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐪𝐮𝐞 𝐭𝐫𝐚𝐯𝐞𝐫𝐬𝐞𝐧𝐭 𝐧𝐨𝐬 𝐬𝐨𝐜𝐢𝐞𝐭𝐞𝐬 ?
Face donc à cette situation à la fois préoccupante et interpellatrice, il est devenu urgent de procéder à une analyse sociologique afin de comprendre ce que deviennent nous jeunes.Pour mieux cerner cette thématique, essayons de voir quelques définitions : 𝐄𝐦𝐢𝐥𝐞 𝐃𝐮𝐫𝐤𝐡𝐞𝐢𝐦 (𝟏𝟖𝟓𝟖-𝟏𝟗𝟏𝟕)
« L’éducation est l’action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. »
𝑫𝑼𝑹𝑲𝑯𝑬𝑰𝑴, 𝑬𝒎𝒊𝒍𝒆, 𝑬𝒅𝒖𝒄𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒆𝒕 𝒔𝒐𝒄𝒊𝒐𝒍𝒐𝒈𝒊𝒆,1922, 𝑷𝒂𝒓𝒊𝒔 : 𝑷𝑼𝑭.𝐉𝐨𝐬𝐞𝐩𝐡 𝐊𝐢-𝐙𝐞𝐫𝐛𝐨 (𝟏𝟗𝟐𝟐-𝟐𝟎𝟎𝟔)
« On n’éduque pas un homme, on l’aide à s’éduquer lui-même ».
𝑲𝑰-𝒁𝑬𝑹𝑩𝑶, 𝑱𝒐𝒔𝒆𝒑𝒉, 𝑬𝒅𝒖𝒒𝒖𝒆𝒓 𝒐𝒖 𝒑𝒆𝒓𝒊𝒓 : 𝒍’𝒆𝒄𝒐𝒍𝒆 𝒐𝒖 𝒍𝒂 𝒎𝒐𝒓𝒕, 1990, 𝑷𝒂𝒓𝒊𝒔, 𝑬𝒅𝒊𝒕𝒊𝒐𝒏𝒔 𝑼𝑵𝑬𝑺𝑪𝑶.𝐀𝐦𝐚𝐝𝐨𝐮 𝐇𝐚𝐦𝐩𝐚𝐭𝐞 𝐁𝐚 (𝟏𝟗𝟎𝟎-𝟏𝟗𝟗𝟏)
« En Afrique traditionnelle, l’éducation ne se limitait pas à l’école : la société tout entière était éducative. »
𝑯𝒂𝒎𝒑𝒂𝒕𝒆 𝑩𝒂, 𝑨𝒎𝒌𝒐𝒖𝒍𝒍𝒆𝒍, 𝒍’𝒆𝒏𝒇𝒂𝒏𝒕 𝒑𝒆𝒖𝒍, 𝑨𝒄𝒕𝒆𝒔 𝑺𝒖𝒅, 1991.𝐃𝐣𝐢𝐛𝐫𝐢𝐥 𝐓𝐚𝐦𝐬𝐢𝐫 𝐍𝐢𝐚𝐧𝐞 (𝟏𝟗𝟑𝟐-𝟐𝟎𝟐𝟏)
L’historien guinéen quant à lui, a plaidé en faveur d’une réécriture des contenus éducatifs pour qu’ils reflètent les réalités culturelles et historiques africaines.
𝐒𝐞𝐥𝐨𝐧 𝐥𝐞 𝐝𝐢𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧𝐧𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐋𝐚𝐫𝐨𝐮𝐬𝐬𝐞𝐄𝐝𝐮𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 :
« Action d’éduquer ; ensemble des moyens propres à assurer la formation et le développement d’un être humain, et plus particulièrement d’un enfant. »
Au regard de ces définitions, on comprend clairement que l’éducation est avant tout un processus, un outil de socialisation devant se baser sur nos cultures pour transmettre les valeurs, les normes et règles afin de bâtir une société hiérarchisée et harmonieuse. Or, aujourd’hui, ce processus est profondément fragilisé.Point besoin de rappeler les fonctions de l’éducation car elle constitue « l’arme la plus puissante pour changer le monde ». 𝐍𝐞𝐥𝐬𝐨𝐧 𝐌𝐚𝐧𝐝𝐞𝐥𝐚
Cette situation alarmante et lamentable s’expliquerait par des facteurs comme
𝟏. 𝐅𝐚𝐢𝐛𝐥𝐞 𝐞𝐝𝐮𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐫𝐞𝐥𝐢𝐠𝐢𝐞𝐮𝐬𝐞 𝐞𝐭 𝐜𝐮𝐥𝐭𝐮𝐫𝐞𝐥𝐥𝐞.
Nombreux sont des parents qui ont relégué au second plan l’éducation religieuse et culturelle, oubliant qu’elle constitue un socle fondamental pour inculquer à l’enfant des valeurs morales et sociales solides.Il n’est donc pas surprenant de voir des enfants défier l’autorité parentale, manquer de respect à leurs aînés, et se mettre en porte-à-faux avec les normes sociétales qui structurent la vie en société.
Chers parents, quelle que soit votre appartenance religieuse, enseignez à vos enfants la crainte de Dieu. Si tu montres Allah à ton enfant, Allah, à son tour, te montrera à ton enfant.Nos traditions ont toujours prôné le respect des aînés. Hélas, cette règle de base est aujourd’hui négligée. Les parents doivent rétablir ce principe, car les aînés sont censés guider et assurer la relève familiale.
𝟐. 𝐋𝐚 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐨𝐦𝐦𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞𝐬 𝐩𝐬𝐲𝐜𝐡𝐨𝐭𝐫𝐨𝐩𝐞𝐬 𝐢𝐥𝐥𝐢𝐜𝐢𝐭𝐞𝐬
De nos jours, certains jeunes estiment que fumer la chicha, du chanvre indien, boire de l’alcool ou consommer d’autres produits nocifs est un indicateur de modernité. Ceux qui refusent d’y adhérer sont parfois moqués ou traités d’arriérés.Cette tendance pousse de nombreux jeunes vers la désobéissance, l’abandon scolaire ou professionnel, et même le banditisme. Il est impératif que les parents surveillent de près les fréquentations de leurs enfants. Les mauvaises compagnies sont souvent la porte d’entrée vers des comportements déviants.
𝟑. 𝐋’𝐢𝐧𝐟𝐥𝐮𝐞𝐧𝐜𝐞 𝐞𝐱𝐭𝐞𝐫𝐢𝐞𝐮𝐫𝐞 𝐯𝐢𝐚 𝐥𝐞𝐬 𝐫𝐞𝐬𝐞𝐚𝐮𝐱 𝐬𝐨𝐜𝐢𝐚𝐮𝐱.
Il est aujourd’hui rare de trouver un jeune qui ne possède pas un téléphone Android. Par cet appareil, il a accès à toutes sortes de contenus : vidéos inappropriées, modes vestimentaires extravagantes, styles de vie contraires à nos valeurs…Sans contrôle parental, ces jeunes s’éloignent peu à peu de leur culture et adoptent des comportements importés, souvent inadaptés à leur contexte.
De plus, certaines chaînes de télévision participent à cette dégradation morale en diffusant des programmes qui influencent négativement, le plus souvent, des jeunes filles. Suscitant en elles des désirs sexuels à la fois intenses et incontrôlables. Cela font d’elles des mineures excitées prêtes à prendre du plaisir même avec les hommes ayant le triple de leur âge pour ne pas dire même tranche d’âge que leurs papas. Les réseaux sociaux, les médias ainsi que les chaînes de télévision peuvent être utiles si les contenus sont bien choisis.
Mais sans une éducation préalable à leur bon usage, ils deviennent de véritables destructeurs de mœurs. Pour terminer, l’éducation africaine est confrontée à une crise majeure. Il est temps que chaque parent, éducateur et responsable prenne la mesure du problème et agisse en conséquence avec rigueur et responsabilité. Car c’est par l’éducation que nous bâtirons une Afrique forte et digne.
Il nous faut renouer avec nos valeurs fondamentales : la religion, la culture, la discipline, le respect des aînés et l’amour du travail.
𝑸𝒖𝒆𝒍 𝒂𝒗𝒆𝒏𝒊𝒓 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒖𝒏𝒆 𝒔𝒐𝒄𝒊𝒆𝒕𝒆 𝒐𝒖 𝒍𝒆𝒔 𝒆𝒏𝒇𝒂𝒏𝒕𝒔 𝒏’𝒆𝒄𝒐𝒖𝒕𝒆𝒏𝒕 𝒑𝒍𝒖𝒔 𝒍𝒆𝒖𝒓𝒔 𝒑𝒂𝒓𝒆𝒏𝒕𝒔 𝒆𝒕 𝒐𝒖 𝒍𝒆𝒔 𝒗𝒂𝒍𝒆𝒖𝒓𝒔 𝒄𝒖𝒍𝒕𝒖𝒓𝒆𝒍𝒍𝒆𝒔 𝒅𝒊𝒔𝒑𝒂𝒓𝒂𝒊𝒔𝒔𝒆𝒏𝒕 𝒑𝒆𝒖 𝒂 𝒑𝒆𝒖 ?

Par 𝐋𝐚𝐲𝐞 𝐌𝐚𝐦𝐨𝐮𝐝𝐨𝐮 𝐂𝐎𝐍𝐃𝐄, major de la dernière promotion de Sociologie Université Julius Nyèréré de Kankan.