La Guinée serait-elle en train de renouer avec son âme artistique ?
Depuis ma chambre à Bruxelles, les images et les échos venus de Guinée me bouleversent. Ils réveillent en moi une émotion rare, un frisson d’espoir. Pour la première fois depuis bien longtemps, j’ai le sentiment que quelque chose bouge.
Que la culture, cette grande oubliée,recommence à respirer.
Quand j’entends que la culture fait désormais partie des cinq piliers du projet SIMANDOU 2040, je me dis : enfin.
Mais lorsque je vois des actes concrets émerger derrière ces mots, je me dis : bravo.Plus qu’un slogan, une direction Ce que nous voyons aujourd’hui avait tout simplement disparu depuis la fin de la République de Sékou Touré.
La culture, jadis pilier de notre identité, a été laissée à l’abandon pendant trop longtemps. Et pourtant, elle revient aujourd’hui au cœur du discours… et surtout de l’action.
Je n’ai aucun intérêt personnel à défendre ici. Je vis de mon art. Je ne cherche ni poste, ni faveur. Et c’est précisément ce qui me permet de dire les choses librement, sans calcul : bravo à la nouvelle équipe gouvernementale, en particulier à Moussa Moïse Sylla, ministre de la Culture, pour les pas courageux posés.
Je félicite aussi le Président Mamadi Doumbouya, le Premier ministre Bah Oury, et tous ceux qui rendent possible ce réveil.Des promesses… mais aussi des preuvesNon, tout n’est pas encore parfait. Mais la dynamique est là.
Il faut le dire, l’encourager, l’amplifier.
Et si on leur donnait le temps ? Le temps de poser les fondations. De bâtir.Plutôt que d’exiger des résultats immédiats, laissons-leur la liberté d’aller loin.Je sais que certains verront mes mots comme une prise de position. Mais je ne fais que dire la vérité : les actions sont là.
Et elles parlent pour elles-mêmes.J’ai essayé… et j’ai été freinéJe parle ici d’expérience.
Pendant des années, j’ai porté des projets culturels et sociaux pour la Guinée. Des projets sérieux, bâtis avec cœur. Mais tous ont été stoppés avec cette phrase devenue refrain : « Il n’y a pas d’argent ».
Aujourd’hui, je vois que ce n’était pas une question d’argent, mais de volonté.Et j’ai des preuves. Ceux qui étaient aux commandes à l’époque le savent.
À ceux qui ont été découragés : revenez !
Je demande à mes confrères qui, comme moi, ont eu des projets pour notre culture mais qui ont été ignorés ou découragés, de revenir essayer à nouveau.
Dès l’arrivée de Moussa Moïse Sylla au ministère, j’ai ressorti un ancien protocole de collaboration signé avec ses prédécesseurs
— un document oublié dans les tiroirs depuis des années.C’est dans ce cadre que le Ballet National Djoliba a récemment représenté la Guinée au Bénin, en mars dernier, dans une tournée magnifique rendue possible par la collaboration NAMUN Group / Ministère de la Culture.Mais ce n’était qu’un début. Ou plutôt… un élan longtemps avorté.Tant de projets abandonnés, faute de soutienJ’ai eu la chance de porter ou de participer à plusieurs projets d’envergure :
•Le Panafrican Arts Festival à Bruxelles, vitrine de la culture africaine en Europe .
•Le projet Music Factory à Conakry .
•Des workshops au Centre Universitaire Mory Kanté de Dubréka.
•Un colloque sur les nouvelles méthodes d’enseignement du balafon à Gnagassola…Autant d’initiatives lancées avec foi mais restées sans suite, faute d’un accompagnement politique réel.
L’heure est à la reconstruction Aujourd’hui, je lance un appel à tous les bâtisseurs : rejoignez ce mouvement de renaissance.
Je m’adresse à Natu Camara, Alpha Yaya Diallo, LKM, et à tous les artistes, chercheurs, pédagogues, entrepreneurs culturels guinéens : la Guinée vous attend.
Le projet SIMANDOU 2040 n’est pas qu’un plan économique. Il peut aussi devenir un levier de dignité, de fierté, et de transmission culturelle.
Alors, ne restons pas spectateurs. Apportons nos pierres à l’édifice.

N’Faly Kouyaté Artiste musiciens Disque d’or et double nominé au Grammy Work.Co-manager du Ballet National Djoliba.