L’autorité morale dénommée KANTIYA et l’Union des cadres pour la paix à Faranah sont en plein préparatifs pour assurer la réussite des festivités de l’anniversaire du 26 mars dans le Sankaran, prévu demain mercredi.

Le chef du bureau Gbaikandjamana s’est entretenu avec El Hadj Cheikh Mohamed Doumbouya, colonel de police à la retraite, ancien cadre du PDG-RDA et ancien préfet. Il nous replonge dans les souvenirs du passé.

<<Le 26 mars 1984 reste une date historique pour le peuple de Guinée, car c’est ce jour que le président Ahmed Sékou Touré, un homme universel, s’est éteint. À l’époque, j’étais commissaire central de la fédération pilote du parti-État de Guinée à Guéckédou. Le choix des cadres de cette fédération revenait directement au président. En 1969, il avait décidé d’affecter des cadres aux garnisons militaires pour le 2ème bureau de l’armée. Il avait alors sélectionné 40 jeunes soldats pour les intégrer dans la police afin de les former aux renseignements généraux. Nous avons été envoyés au Camp Boiro pour notre formation, mais celle-ci a été interrompue par l’agression du 22 novembre 1970. Nous sommes donc restés dans la police.
Après avoir été chef adjoint de la sûreté dans la zone spéciale de Conakry, j’ai été affecté à Guéckédou comme commissaire central. C’est là que le 26 mars m’a trouvé. Juste après cette date, j’ai été transféré à Kissidougou en tant que commissaire central. Après sept mois de service, j’ai été nommé préfet de Faranah.
À Guéckédou, j’avais une forte implication dans les activités musicales pour le compte de la fédération pilote du président Ahmed Sékou Touré. J’ai été témoin de plusieurs faits historiques. Un jour, il a appelé Toumany Sangaré, ministre de la Défense, et lui a demandé la liste des officiers. Il a pris un stylo et a tracé un trait qui s’est arrêté sur le nom de mon grand frère, le capitaine Fodé Doumbouya, alors commandant du camp de Kindia. Il a ordonné qu’on lui amène Fodé Doumbouya et l’a nommé son garde du corps en remplacement de son ancien aide de camp.
Le jour du décès du président, c’est le chef de poste qui m’a informé vers 5 heures du matin en bégayant : « Commissaire, vous n’avez pas écouté la radio ? » C’est ainsi que j’ai appris cette triste nouvelle. Pendant ce temps, le gouverneur de Guéckédou, Sanassy Keïta, pleurait sa mort. Avant son décès, chaque fois qu’il y avait un problème, le gouverneur de Guéckédou m’envoyait en mission pour rencontrer le président Sékou Touré.
Son rapprochement avec le colonel Lansana Conté

Son dernier aide de camp, le colonel Fodé Doumbouya, devait accompagner le président à La Mecque. Mais ce dernier lui a demandé de rester et de choisir quelqu’un d’autre pour l’accompagner. C’est ainsi qu’il a choisi Lansana Conté. Lors du pèlerinage, Conté a porté le président comme un bébé, et celui-ci a prié pour lui. S’il n’y avait pas eu la maladie, le président Conté aurait régné au moins 26 ans. C’est lui qui m’a nommé préfet de Faranah en 1984, après le décès du président Sékou Touré. Les préfets nommés par Conté ont été affectés à leurs villes natales afin de les développer.

J’ai été le deuxième préfet de Faranah après Amadou Lélouma Diallo et j’y suis resté sept ans avant d’être muté à Kérouané, où j’ai servi pendant deux ans.
De la mort du président
Le président Ahmed Sékou Touré est décédé aux États-Unis et son corps a été rapatrié à Conakry. Hadja André était présente lors du rapatriement. Le président était un homme intègre : il n’a laissé aucun héritage matériel, hormis la villa Belle Vue, offerte par des amis coréens, et la villa André à Faranah. Il accordait peu d’importance aux biens matériels et laissait le peuple décider du sort de chacun.

Conseils
J’appelle tous les habitants de Faranah à prendre cette commémoration au sérieux. Il s’agit d’atténuer la colère du président Ahmed Sékou Touré, car certains ont exprimé leur joie à son décès, par ignorance. Aujourd’hui, nous comprenons mieux son importance. Autrefois, Faranah était bien éclairée, l’eau coulait en abondance et les rues étaient goudronnées. Aujourd’hui, la situation s’est détériorée.
Le KANTIYA a envoyé une mission à Faranah pour garantir le succès des festivités. J’encourage les citoyens à les soutenir dans leurs activités. »
Entretien réalisé par Alpha Amadou Barry, chef du bureau Gbaikandjamana à Faranah Tél : 623 47 83 39