Le football guinéen est malade. Et ce qui devrait le soigner l’a souvent rendu encore plus malade. Cette phrase, cruelle mais réaliste, résume à elle seule le désarroi d’un sport roi dans un pays où la passion ne manque pourtant pas.
Dans un podcast en ligne, Seka Diallo, ancien vice-président de la Fédération guinéenne de football, a brisé le silence. Ses révélations font froid dans le dos et éclairent d’un jour nouveau la série noire que traverse le Syli national. Selon lui, les maux du football guinéen ne sont pas que sportifs : ils sont aussi administratifs, politiques et humains.
« On a été empoisonnés avant le match contre la RDC » Seka Diallo revient d’abord sur la CAN où, malgré une élimination précoce, le sélectionneur Kaba Diawara a reçu les félicitations des autorités pour le travail accompli. Mais, en coulisses, un drame invisible se jouait.
« Avant le match contre la RDC, confie-t-il, quatorze de nos joueurs sont tombés malades. On a été victimes d’empoisonnement. Le public ne le sait pas parce que la Fédération a préféré garder ça pour elle. On a même perdu un kiné de l’équipe nationale à cause de cela. »
Malgré ce coup dur, Kaba Diawara poursuit son travail, jusqu’à ce que des manœuvres internes commencent à lui mettre des bâtons dans les roues. Pour Sera Diallo, la suite n’a été qu’une suite de décisions précipitées et malveillantes : démantèlement de son staff technique, missions improvisées aux Jeux Olympiques « pour sauver le pays », confrontations à des équipes de très haut niveau (France, Nouvelle-Zélande, une équipe sud-américaine) sans véritable préparation.

« Partout, on n’aime pas la défaite. Mais en Guinée, c’est pire. Et le président de la Fédération voulait avoir la mainmise sur la sélection, en imposant ses hommes et ses choix », raconte l’ancien dirigeant.
Au lieu de consolider une équipe autour d’un projet cohérent et durable, la priorité aurait été de placer des proches, quitte à sacrifier l’avenir. « Quand tu nommes un coach à deux mois des éliminatoires, sans qu’il ait le temps de rencontrer ses joueurs ni de bâtir une stratégie, tu prépares une catastrophe », tranche Seka Diallo.
Le vrai défi Pour l’ancien vice-président, le défi d’une Fédération n’est pas de se mêler des compositions d’équipes ou de manipuler les nominations, mais de créer une structure solide pour que le Syli national évolue dans les meilleures conditions possibles.
« Quand on prend la décision de limoger un sélectionneur, la moindre des choses, c’est de se demander si nous-mêmes n’avons pas failli à quelque chose », conclut-il.
Le Syli national n’a jamais manqué de talents, ni de public pour le soutenir. Mais ce témoignage brutal laisse planer une question plus grave : tant que des intérêts personnels priment sur l’intérêt national, le football guinéen peut-il espérer renaître ? Car, au fond, le vrai poison du Syli, ce n’est peut-être pas celui qui a rendu ses joueurs malades un soir de CAN…
La Rédaction Politique www.gbaikandjamana.org