Le 4 août 2025, le général Mamadi Doumbouya a signé un décret conséquent portant révocation de la concession minière détenue par Guinea Alumina Corporation (GAC), filiale d’Emirates Global Aluminium (EGA).
Cette décision, portée par la volonté de garantir la construction d’une raffinerie locale et de renforcer la souveraineté économique, est saluée par certains comme un changement radical. Pourtant, elle ouvre aussi la porte à de nombreuses interrogations.
La concession de 690 km², située dans la région de Boké, a longtemps été l’un des piliers de l’industrie bauxitière guinéenne.
Accusée de ne pas avoir respecté ses engagements, notamment en matière de transformation locale, GAC a vu son permis retiré sans indemnité et avec un transfert immédiat des actifs à la nouvelle entreprise publique Nimba Mining Company. Cette dernière disposera d’un bail de 25 ans, selon le décret présidentiel.
Mais cette décision n’est pas sans conséquences ni incertitudes. D’abord, la contestation par EGA, qui prévoit un recours devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), laisse planer un risque juridique et financier.
De plus, la capacité opérationnelle de Nimba Mining à maintenir, voire augmenter, la production est encore inconnue. La société publique doit relever le défi de gérer une concession importante dans un contexte économique et technique complexe.
Par ailleurs, cette mesure s’inscrit dans un contexte de tension entre l’État guinéen et plusieurs opérateurs miniers, avec plus de cinquante permis annulés ces derniers mois. Si cette politique vise à assurer plus de contrôle et de valeur ajoutée locale, elle inquiète aussi sur la stabilité du climat des affaires et l’attractivité du pays pour les investisseurs étrangers.
Enfin, la suspension des opérations de GAC a déjà impacté les exportations nationales, qui ont chuté de 14,1 à 10,8 millions de tonnes entre 2023 et 2024.
Le maintien des volumes d’exportation et des recettes reste une préoccupation majeure pour l’économie guinéenne.
La Guinée affirme son ambition de valoriser ses ressources minières de façon plus autonome, mais plusieurs inconnues persistent quant aux conséquences réelles de ce virage stratégique. L’avenir dira si cette mainmise étatique se traduira par un développement durable ou par des difficultés accrues.

Djoumé Koundjan Sackojournaliste et expert en développement communautaire.
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