Après des années passées à servir sans contrat ni statut, les 49 stagiaires du quotidien national Horoya brisent le silence.

Ce lundi 7 juillet, ils ont rendu publique une déclaration dans laquelle ils dénoncent une « injustice systématique » et exigent leur intégration immédiate à la fonction publique guinéenne.
Dans son intervention, la porte-parole du collectif, Kadiatou Bah, a rappelé la précarité dans laquelle ces jeunes journalistes travaillent depuis plusieurs années au service du journal institutionnel de la République, sans aucune rémunération ni reconnaissance légale : « Depuis plusieurs années, sans contrat ni statut, nous assumons des responsabilités relevant pleinement du service public de l’information. Et pourtant, nos droits fondamentaux continuent d’être ignorés. Ce traitement reflète une discrimination structurelle injuste et inacceptable qui interroge l’équité républicaine », a-t-elle déclaré avec fermeté.

Selon elle, les démarches administratives engagées depuis des années pour régulariser leur situation sont restées sans suite, malgré des signaux positifs au sommet de l’État : « Des démarches concrètes ont été entreprises et portées jusqu’au Conseil des ministres, preuve que notre situation était connue et jugée fondée. Mais malgré l’annonce du recrutement de 10 000 agents publics, notre ministère a été écarté sans explication. Pire, le concours spécial attendu n’a concerné que la RTG, en nous excluant arbitrairement », a-t-elle déploré.
Pour ces stagiaires, le paradoxe est d’autant plus criant que Horoya reste l’un des derniers journaux institutionnels du pays, véritable mémoire vivante de l’action publique.

Pourtant, sa production repose en grande partie sur ces jeunes journalistes invisibles sur l’organigramme, mais omniprésents dans chaque édition. « Nous couvrons les activités gouvernementales, rédigeons, relisons, mettons en page, autant de tâches indissociables du service public. Nous ignorer, c’est nier la justice, la reconnaissance du mérite et le respect du travail accompli »,a poursuivi Kadiatou Bah. Face à ce qu’ils qualifient d’« injustice manifeste », le collectif en appelle à l’arbitrage du président de la Transition, le général Mamadi Doumbouya : « Nous sollicitons son implication personnelle, lui qui s’est toujours montré intraitable face à l’injustice et soucieux de l’équité entre tous les fils et filles du pays. Nous attendons avec espoir une suite favorable dans les jours à venir », a conclu la porte-parole. « Nous sommes la mémoire qu’on refuse de reconnaître » En attendant une réponse des autorités, ces jeunes journalistes promettent de continuer à faire entendre leur voix.
Car, comme le résume un membre du collectif sous couvert d’anonymat : « On ne peut pas demander à des gens de bâtir la mémoire d’un État tout en refusant de reconnaître leur existence. »
Camarakè pour le www.Gbaikandjamana.org