La reconstruction des ronds-points et l’aménagement des « saucers », ces lieux censés embellir la ville, sont à l’arrêt, plongeant la population dans une frustration palpable… mais souvent tue. Car ici, la peur de s’exprimer est aussi fréquente que les chantiers abandonnés.
Des chantiers figés au cœur de la ville

Partout dans Kankan, le constat est le même. Des blocs de granit se dressent là où devaient émerger de nouveaux ronds-points fluides. Des barrières de chantier rouillées transforment des axes déjà saturés en véritables parcours d’obstacles.

Ces aménagements, tant attendus pour améliorer la circulation et offrir un visage moderne à la ville, sont aujourd’hui devenus des dilemmes urbains. Les conséquences sont visibles : embouteillages persistants, poussière suffocante en saison sèche, boue impraticable pendant les pluies.

Plus inquiétant encore, l’obscurité autour de ces zones inachevées les transforme en points noirs pour la sécurité, augmentant les risques d’accidents et d’agressions.
Le silence, plus lourd que le béton

Le plus frappant dans cette situation reste le silence généralisé des citoyens. Recueillir un témoignage relève parfois du défi. Des mains se lèvent en signe de refus. « On préfère ne pas parler de ça, ce n’est pas bon… », souffle à voix basse un jeune commerçant d’huile moteur, avant de nous prier de nous éloigner rapidement.

Non loin d’un rond-point, un vieil homme confie : « Si on parle, qui sait ce qui peut nous arriver ? Mieux vaut se taire et espérer. Moi, je ne me mêle pas des choses politiques… » Cette peur d’exprimer son opinion en dit long sur un climat de méfiance profonde envers les autorités et la crainte d’éventuelles représailles.
Les raisons de l’arrêt toujours floues
Le projet de réaménagement urbain de Kankan avait pourtant été présenté comme une étape majeure pour son développement. Mais son arrêt brutal, combiné au silence des citoyens et à l’absence de justifications officielles, laisse la population dans l’incertitude.
Une ville suspendue à ses promesses
Aujourd’hui, les ronds-points inachevés et les « saucers » abandonnés restent les traces visibles d’une promesse brisée.
Au-delà des désagréments quotidiens, Kankan attend toujours que ses ronds-points respirent à nouveau… et que la ville retrouve enfin la place qu’on lui avait promise.
Alhassane Tenin Traoré & Robert Tchotcho Bangoura — www.gbaikandjamana.org