Le récent passage des ministres du gouvernement d’Amadou Oury Bah à Kankan a suscité des réactions partagées au sein de la population. Si certains habitants affichent un optimisme prudent face aux engagements annoncés, d’autres restent sceptiques, échaudés par des années de promesses non tenues.

Lors de cette visite, les autorités ont détaillé une série de projets ambitieux visant à relancer l’économie locale, améliorer les infrastructures et renforcer les services publics. Parmi les annonces majeures figurent la construction de nouvelles routes, la réhabilitation des usines à l’arrêt depuis des années, l’amélioration de la fourniture d’électricité et la mise en place de programmes de soutien aux agriculteurs. Le Premier ministre, Amadou Oury Bah, a tenu à rassurer la population sur la volonté du gouvernement de créer des emplois et d’améliorer les conditions de vie des jeunes, frappés de plein fouet par le chômage.:« Nous sommes déterminés à transformer la vie des citoyens de Kankan et de toute la Guinée. Les promesses que nous faisons aujourd’hui ne sont pas de vaines paroles, mais des engagements concrets qui seront suivis d’actions », a affirmé Amadou Oury Bah à la maison des jeunes de Kankan.
Si ces annonces ont été accueillies avec enthousiasme par une partie de la population, d’autres habitants se montrent plus réservés.

« Nous avons entendu tant de promesses par le passé, mais peu ont été tenues. Cette fois, nous voulons voir des résultats tangibles avant de croire », confie Alhassane Dialawassa Kanté, un jeune activiste.

Michel Pivi, syndicaliste, exprime quant à lui un espoir mesuré. « Si le gouvernement tient ses promesses, cela pourrait vraiment changer notre quotidien. Mais nous avons été déçus tellement de fois qu’il est difficile d’y croire pleinement. Certains ministres font leur mission, mais d’autres ne bougent pas du tout. Aujourd’hui, quand nous prenons la route de Kissidougou, elle est toujours en piteux état malgré le projet en cours. On ne sait pas quand elle sera praticable comme il faut. Il y a eu une première immersion gouvernementale, mais nous n’avions pas constaté beaucoup de changements. Je demande aux ministres de ne pas garder cette réalité sous silence mais plutôt de réagir immédiatement, car la population souffre. Félicitations pour cette innovation quand même », a-t-il déclaré.
Le scepticisme des habitants de Kankan illustre un défi plus large auquel le gouvernement est confronté : regagner la confiance d’une population longtemps déçue par des promesses non tenues. Corruption, manque de transparence et lenteur dans la mise en œuvre des projets restent des obstacles majeurs.

Kaba Diaby, acteur de la société civile, salue toutefois les réformes engagées par les autorités de la transition guinéenne. « Le gouvernement de Bah Oury est en bonne voie, c’est quelque chose qu’il faut saluer, mais nous demandons toujours que les promesses soient accompagnées d’actions. »
Pour Amadou Oury Bah et son équipe, la pression est grande. Leur capacité à concrétiser ces engagements sera déterminante non seulement pour le développement de Kankan, mais aussi pour la crédibilité du gouvernement à l’échelle nationale.

Sékouba Doussou Keita, diplômé en philosophie à l’université Julius Nyerere de Kankan, insiste sur l’importance de la réhabilitation des usines pour lutter contre le chômage. « Les projets annoncés, comme la réhabilitation des usines longtemps arrêtées, sont vraiment essentiels pour le développement durable de notre pays. Maintenant, nous attendons la réalisation de ces projets. »
Alors que Kankan observe attentivement les prochaines étapes, la balle est désormais dans le camp du gouvernement. Les citoyens, oscillant entre espoir et désillusion, attendent des actes concrets qui prouveront que, cette fois, les promesses ne resteront pas lettre morte.
L’avenir dira si cette immersion gouvernementale marquera un tournant décisif ou si elle ne sera qu’un nouvel épisode dans une longue série de désillusions.
Souleymane Tata Bangoura pour le Gbaikandjamana.org
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