Kankan assiste depuis quelques années à un phénomène inquiétant : la prolifération des personnes atteintes de troubles mentaux dans ses rues.

Une situation qui suscite de plus en plus d’indignation et d’appels à l’action, tant du côté des citoyens que des autorités locales.

Pour Mamadi Camara, professeur assistant au lycée Morifidjan Dioubaté, la principale cause est sans équivoque : la drogue.« Aujourd’hui, nous constatons que beaucoup de jeunes deviennent fous. Cela n’est pas dû à un simple hasard, mais bien à la consommation de la drogue. Et cette faute revient en majorité aux parents qui refusent de contrôler leurs enfants. Les enfants devraient être surveillés à chaque entrée et sortie, surtout les mineurs. Je demande aux parents de prendre leurs responsabilités et à l’État de multiplier les patrouilles pour éradiquer ce fléau. »

Même constat chez Diaka Koïta, commerçante au marché Dibida, dont la famille en a payé le prix fort. « Ce que je dirais aux jeunes, c’est de s’abstenir de la drogue et de se protéger. Nous, les parents, nous faisons ce que nous pouvons, mais c’est aussi à eux d’écouter. Je prie Dieu que ceux qui sont déjà tombés dans ce piège abandonnent, et honte à ceux qui revendent la drogue aux enfants des autres. Même moi, mon petit frère a eu des troubles mentaux à cause de la drogue. Malgré de nombreux traitements, rien ne s’améliore. Je demande à l’État de créer des emplois pour occuper les jeunes et aux parents de conseiller davantage leurs enfants. »

Pour Fanta Sidibé, citoyenne, la lutte commence au sein même des foyers. « C’est à nous, parents, d’éduquer nos enfants, surtout nous les femmes, qui avons un rôle incontournable dans leur avenir. Je demande à ceux qui revendent la drogue d’arrêter de détruire les enfants des autres. Et j’invite les autorités à sanctionner sévèrement les contrevenants. » À travers ces témoignages, une même volonté se dégage : protéger les jeunes de Kankan contre les dangers de la drogue et ses conséquences dramatiques.

Car derrière chaque « fou » dans la rue, il y a souvent un jeune, une famille et un avenir brisé. Si rien n’est fait, c’est toute une génération qui risque de perdre la raison.
À Kankan, la balle est désormais dans le camp des parents, des autorités… et des jeunes eux-mêmes.
Mariame Koulibaly et Robert Tchotcho Bangoura pour www.Gbaikandjamana.org