La poterie est l’un des nombreux métiers artisanaux qui consiste à façonner des objets en argile cuite, souvent à des températures relativement basses. Le potier utilise un mélange d’argile et de marne pour créer des pièces uniques, généralement des objets utilitaires comme des vases, des bols, des théières ou des plats.

À Kankan, ce métier ancestral est perpétué depuis des générations dans certains foyers, principalement par les femmes. Nous nous sommes rendus dans l’un de ces foyers, situé dans le quartier Sinkéfara, au cœur de la commune urbaine.

Ici, toutes les femmes, y compris les jeunes filles, ont en commun la pratique de cet art transmis de mère en fille. Interrogée sous couvert d’anonymat, la doyenne de la famille témoigne :
« Nous sommes héritières de la poterie. Ce sont nos grands-mères qui faisaient ce métier. Aujourd’hui, c’est nous qui avons pris la relève. Les enfants que vous voyez là, ce sont eux qui vont nous remplacer demain. Cela fait plus de 30 ans que nous exerçons. La poterie se réalise avec de la boue que nous allons creuser au champ avec nos enfants, pour la transporter ensuite en ville petit à petit. Nous fabriquons ici de grands canaris, des bols, des marmites traditionnelles… », explique Doussou, une potière.

Mais avec le temps, les avantages liés à ce métier s’amenuisent, tandis que les difficultés s’accumulent. Elle précise :
« Les obstacles sont nombreux, surtout pendant la saison des pluies. Dès qu’il commence à pleuvoir, on est obligées d’arrêter le travail. Il faut aussi aller chercher la boue très loin. Ce n’est vraiment pas facile. Et en plus, il n’y a plus autant de clients qu’avant. Avant, on vendait bien, mais aujourd’hui, avec les congélateurs, les gens n’achètent plus de canaris pour rafraîchir l’eau. Pourtant, l’eau conservée dans les canaris est plus saine. Parfois, on peut vendre deux canaris par jour à 100 000, 50 000 ou 20 000 francs guinéens, mais avec cette saison pluvieuse, il peut arriver de ne rien vendre pendant cinq jours. »

Malgré les efforts déployés pour se faire accompagner, les résultats tardent à venir.
« Nous avons tous les dossiers qu’il faut, mais jusqu’à présent, nous n’avons reçu aucune aide. On nous invite pour des expositions, mais rien ne change concrètement. »

Partagée entre résignation et appel à l’aide, cette potière lance un message :
« Le seul message que nous avons pour les autorités et les personnes de bonne volonté, c’est de nous venir en aide. Nous avons beaucoup parlé, mais rien ne bouge. On est fatiguées. Pourtant, si ce métier disparaît aujourd’hui, ce sera une véritable tragédie pour nous qui en vivons. »
Quel avenir pour la poterie traditionnelle dans un contexte où la modernisation avance à grands pas sur tout le continent africain ?
Souleymane Tata Bangoura & Banana Chérif, pour www.gbaikandjamana.org
📞 +224 621-519-282