Une affaire de détournement présumé de 80 millions de francs guinéens éclabousse la commune urbaine de Kouroussa. Au cœur de la polémique, l’acquisition douteuse d’un camion-benne destiné au ramassage des ordures.
Dans le cadre du Programme Annuel d’Opérations (PAO), la mairie avait budgétisé l’achat d’un nouveau camion pour remplacer l’ancien, hors d’usage.

Une commission d’achat, composée de quatre conseillers communaux, avait été chargée de la transaction sous la supervision du président de la délégation spéciale.
Après consultation de plusieurs fournisseurs à Kankan, la commission avait validé l’achat d’un camion Scania au prix de 260 millions GNF auprès d’un certain Moussa Doumbouya. Mais en raison d’un retard de paiement, le véhicule a été vendu à un autre acheteur. Le fournisseur a alors proposé un autre camion, prétendument au même prix.

Des irrégularités ont commencé à émerger lorsque le receveur communal, soupçonnant une anomalie, a d’abord refusé de signer le paiement avant de céder sous pression. Plus surprenant encore, le camion a été validé sur la base d’une simple photo, sans aucune inspection physique.
Lorsque le maire a exigé un examen du véhicule, la supercherie a été révélée : au lieu du Scania promis, un vieux Renault repeint, ayant déjà circulé à Kouroussa, avait été livré.
Furieux, le maire a immédiatement convoqué la commission et le fournisseur, ordonnant l’annulation de la transaction et la restitution des fonds.
Selon Moussa Doumbouya, le camion aurait été acquis à 180 millions GNF, avec 4 millions 550 000 GNF investis dans son entretien, laissant un écart inexpliqué de 75 550 000 GNF. De son côté, le président de la commission réfute toute accusation de détournement, affirmant que la procédure a été suivie conformément aux règles établies.
Face à ce scandale, le maire a lancé un ultimatum de trois jours pour le remboursement intégral des fonds sur le compte de la commune. Bien que le préfet ait été informé, aucune mesure concrète n’a encore été prise. La population, quant à elle, attend avec impatience une déclaration officielle et surtout, des sanctions.
Le dossier reste ouvert, mais une question demeure : qui paiera la note de cette gestion opaque ?
Mohamed le Manokin Camara Chef de Bureau Gbaikandjamana Média à Kouroussa