La ville de Kindia a été le théâtre d’une journée chargée d’émotion et de recueillement ce mardi, lors des obsèques nationales de Moussa Kéita, plus connu du public sous le nom de Moussa Koffoe.

L’humoriste au rire contagieux, dont la voix et les sketchs résonnaient dans les foyers guinéens, s’est éteint le 12 mai, laissant derrière lui un immense vide dans le paysage culturel du pays.

Dès les premières heures de la matinée, la levée du corps à l’hôpital régional de Kindia a donné le ton d’une cérémonie sobre et digne. Peu après, la Place des Martyrs, lieu symbolique de mémoire, s’est transformée en sanctuaire populaire pour accueillir l’artiste une dernière fois.

Une foule compacte, composée de citoyens, de proches, de fans et d’acteurs du monde culturel, s’est rassemblée pour un adieu émouvant à celui qui avait fait du rire un art au service de la conscience.

La cérémonie officielle, à forte portée symbolique, s’est déroulée en présence du Ministre de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat, Monsieur Moussa Moïse Sylla, entouré des autorités régionales, militaires, religieuses, et du Kountigui de la Basse Guinée.

De nombreuses figures artistiques, écrivains, comédiens et amis de Moussa Koffoe ont tenu à rendre un dernier hommage à leur compagnon de route. Les témoignages se sont succédé, intenses, sincères, souvent bouleversants. Tous ont salué un homme à l’esprit vif, à la parole libre, qui a su faire rire tout en éveillant les consciences, dénonçant les travers sociaux avec humour et humanité. L’héritage de Moussa Koffoe, ont-ils dit, survivra à travers ses œuvres, sa philosophie et l’amour du peuple qu’il n’a jamais trahi.

Dans une allocution marquée par la compassion et le respect, le Ministre Moussa Moïse Sylla a exprimé la douleur du gouvernement et du peuple guinéen face à la perte de cette figure majeure de la scène culturelle.

Il a souligné que Moussa Koffoe n’était pas seulement un humoriste, mais un éducateur, un critique social, un pont entre les générations et les communautés. Saluant la mémoire du défunt au nom du Chef de l’État, du Premier ministre et de l’ensemble du gouvernement, il a rappelé que Moussa Koffoe bénéficiait du programme de carte médicale pour artistes, un mécanisme mis en place pour garantir l’accès gratuit aux soins pour les professionnels de la culture. Ce dispositif, a-t-il annoncé, sera prochainement élargi, dans le droit fil de la vision présidentielle d’une culture protégée et respectée. Le Ministre a également insisté sur l’importance du soutien matériel et moral à la famille du défunt, estimant que la solidarité nationale doit transcender le moment du deuil pour s’inscrire dans la durée. Il a enfin exhorté les Guinéens à continuer à faire vivre l’héritage de Moussa Koffoe en défendant les valeurs qu’il incarnait : l’unité, l’authenticité culturelle, et la mémoire collective. Avant de clore son discours, il a eu une pensée pour un autre grand disparu, le musicien Lansina Papus Fofana, décédé quelques jours plus tôt, rappelant que la patrie n’oublie jamais ses artistes, ces sentinelles de l’âme nationale.
Ainsi, Kindia n’a pas simplement enterré un artiste ce 12 mai, elle a gravé dans sa mémoire collective le nom d’un homme qui, par le rire, avait su guérir les cœurs.
Souleymane Tata Bangoura pour le www.Gbaikandjamana.org