Aujourd’hui, Mandiana s’est figée.
Le vent a ralenti, les tambours se sont tus, et dans les regards, une même lueur : celle de la perte, immense, irréparable.
Assa Zoumana Sidibé n’était pas un simple homme.
Il était un repère. Un roc. Une légende vivante, à la croisée de la tradition et de la modernité. Vice-doyen du noble clan Sidibé et Sangaré, président des chasseurs traditionnels de Mandiana, il s’est éteint à l’âge de 80 ans, à l’hôpital préfectoral de Kankan, laissant derrière lui une terre orpheline, un peuple en prière.
Né dans une Guinée encore façonnée par les récits oraux, par la valeur du serment et par le respect des anciens, il a grandi dans l’ombre des grands, avant de devenir lui-même un géant. À la fois sage, guide, médiateur et protecteur, il a incarné cette rare capacité à comprendre les hommes autant qu’à les unir.
Sa présidence au sein de la confrérie des chasseurs traditionnels ne fut pas qu’un titre : ce fut une vocation.
Il a protégé les forêts et les hommes, calmé les clameurs et éteint les querelles. Dans une époque bousculée par les changements, il fut le gardien des équilibres anciens, sans jamais ignorer les appels du présent.
On venait de loin pour écouter sa parole. Son regard suffisait parfois à apaiser une tension. Son nom, prononcé avec respect, ouvrait les portes et fermait les plaies.
Aujourd’hui, ce nom entre dans la légende.
Ils étaient innombrables, ceux qui ont fait le déplacement pour lui dire adieu. Les chasseurs formaient un cercle silencieux, les griots chantaient doucement sa grandeur, les anciens pleuraient un frère, les jeunes perdaient un repère. Et la terre de Mandiana, elle-même, semblait s’incliner.
Assa Zoumana Sidibé ne nous quitte pas vraiment. Il entre simplement dans une autre lumière.
Et dans le cœur de chaque fils et fille de Mandiana, son héritage continue de veiller.

Mandiana/Ibrahim Sidibé pour le www.Gbaikandjamana.org