LA SUITE APRÈS LA PUBLICITÉ
On présente souvent l’ethnocentrisme comme le problème central de la Guinée. Il est vrai qu’il fragilise notre cohésion nationale, empêche l’émergence d’une véritable méritocratie et pollue la vie politique. Mais il faut avoir le courage de dire que ce fléau n’est pas né de lui-même : il est le résultat direct du vide de vision et de programmes politiques solides.
Dans les grandes démocraties, les élections se jouent sur les idées : un programme éducatif plus performant, une réforme de la santé, une politique agricole ambitieuse, un projet industriel durable. Chez nous, hélas, trop de partis et de leaders préfèrent se réfugier derrière des appartenances régionales et ethniques.
Non pas parce que les Guinéens seraient naturellement divisés, mais parce qu’on n’a rien d’autre à leur proposer.Regardons nos campagnes électorales : combien de fois avons-nous entendu un candidat expliquer concrètement comment créer 200 000 emplois, réformer la justice ou relancer l’agriculture ? Trop rarement.
À la place, on assiste à des mobilisations basées sur l’identité, à des discours qui flattent l’appartenance plutôt que l’intelligence. L’ethnie devient le raccourci commode d’un vide programmatique.Pourtant, le peuple guinéen sait reconnaître la valeur lorsqu’elle se manifeste. L’exemple de certains ministres ou cadres, qui ont su s’imposer par leur compétence au-delà de leur origine, en est la preuve vivante.
Quand un médecin soigne, quand un enseignant forme, quand un ingénieur construit, personne ne lui demande son appartenance : on le juge par ses résultats. Pourquoi n’en serait-il pas de même en politique ? C’est pourquoi la véritable bataille n’est pas seulement contre l’ethnocentrisme, mais contre l’absence de vision nationale. Le jour où les citoyens exigeront des débats sur des programmes concrets — comment réduire le chômage, comment garantir la sécurité alimentaire, comment construire un système de santé efficace —, le discours identitaire perdra sa force.
L’ethnocentrisme n’a de place que dans le vide laissé par l’absence d’idées.Il revient donc à chaque Guinéen, intellectuel ou analphabète, citadin ou villageois, jeune ou ancien, de comprendre que le vrai combat n’est pas de soutenir “son frère” mais de soutenir “la meilleure idée”. C’est à ce prix que nous bâtirons une République d’excellence, où les leaders ne chercheront plus à diviser, mais à unir autour d’un projet national.
L’ethnocentrisme n’est pas une malédiction culturelle : c’est un instrument politique, utilisé faute de mieux. Et le jour où la Guinée exigera de ses dirigeants des programmes clairs et des résultats tangibles, ce poison disparaîtra comme la fumée devant le vent.

Soninké Diané, Citoyen !