À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la traite des êtres humains, célébrée ce mercredi à travers le monde, la Guinée a dressé un tableau inquiétant de la situation sur son territoire.

Sous le thème « La traite des personnes est un crime organisé, mettons fin à l’exploitation », une conférence de presse a été organisée à Conakry par le ministère de la Promotion féminine, de l’Enfance et des Personnes vulnérables, en collaboration avec plusieurs partenaires techniques et financiers.

Dans son intervention, Aboubacar Sidiké Camara, conseiller juridique du ministère, a dévoilé des statistiques alarmantes issues des rapports de l’OPROGEM, du SCPPV, de la justice et de plusieurs organisations internationales.
« 80 % des victimes d’exploitation sexuelle identifiées sont des femmes, dont 30 % sont des mineures. Pour le travail domestique forcé, 30 % des victimes sont des femmes adultes, tandis que 15 % sont de jeunes filles déplacées des zones rurales vers Conakry. En matière de pornographie, les enfants représentent 65 % des victimes contre 35 % de femmes adultes », a-t-il révélé.
Il a également précisé qu’aucun cas de trafic d’organes n’a pour l’instant été enregistré de manière officielle en Guinée.

Prenant la parole à son tour, Mme Davi Kossiwa Didi, représentante adjointe du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), a salué les efforts fournis, tout en insistant sur la nécessité de renforcer les mécanismes de prévention et de répression.
Elle a cité les six axes stratégiques prioritaires du Plan triennal d’appui 2025–2027 du Comité National de Lutte contre la Traite des Personnes et les Pratiques Assimilées (CNLTPPA), à savoir :
le renforcement du cadre légal,
une meilleure coordination entre les acteurs,
la formation des professionnels concernés,
la sensibilisation communautaire,
un appui logistique accru,
et le respect des engagements internationaux.
« Nous réaffirmons notre disponibilité à poursuivre ce partenariat stratégique et solidaire, au service de la dignité humaine », a-t-elle conclu.
Une volonté politique affichée, mais encore beaucoup à faire
Si les autorités guinéennes affichent leur engagement à éradiquer ce fléau, la réalité sur le terrain démontre que la traite des êtres humains reste profondément enracinée, surtout à travers l’exploitation sexuelle et le travail forcé.
La mise en œuvre effective du plan triennal s’impose donc comme une urgence nationale, pour que les chiffres glaçants d’aujourd’hui ne deviennent pas les tragédies silencieuses de demain.
Camara Kè pour le www.Gbaikandjamana.org