À l’approche de la Tabaski, la ville historique de Kankan Nabaya s’apprête à vibrer au rythme de la Mamaya, cette danse traditionnelle mandingue devenue un patrimoine culturel immatériel de référence en Guinée.
Chaque année, elle rassemble des foules venues des quatre coins du monde, toutes animées par un même désir : vivre la magie d’un événement unique, à la fois festif, culturel, économique et social.
L’édition 2025 s’annonce déjà exceptionnelle. À quelques semaines de la fête, les ressortissants de Nabaya et leurs sympathisants multiplient les séances d’entraînement au Chapiteau By Issa, installé sur l’esplanade du Monument du 22 Novembre. L’ambiance y est électrique, les attentes immenses.
Mais au-delà de son éclat festif et de la majesté de ses chorégraphies millimétrées, la Mamaya est aussi un instrument puissant de développement communautaire.

C’est ce que souligne Mamoudou Diana Kaba, président du Sèdè Dandiya N°4, dans un entretien accordé à notre rédaction :
« La Mamaya n’est pas que de la danse. Nous, les Sèdès, avons toujours œuvré pour Kankan. Nos aînés ont construit une morgue, des salles de classe, des forages, même les deux portiques de bienvenue à l’entrée de la ville. Nous avons repris le flambeau avec 13 projets. Déjà, nous avons offert 24 forages, rénové la mosquée de Farako et clôturé le cimetière de Madina. »
L’aspect économique n’est pas en reste. La Mamaya constitue une véritable aubaine pour les jeunes entrepreneurs et artisans guinéens et africains.
Depuis 2023, une foire artisanale est organisée en marge des festivités, avec une participation croissante d’acteurs venus du Mali, du Sénégal et d’autres pays de la sous-région. L’objectif : promouvoir les produits locaux et créer de la richesse.
« Même nos tenues sont confectionnées par l’Association des femmes teinturières. Le travail d’aménagement du stade ou l’assainissement, ce sont des jeunes et des femmes de Kankan qui en profitent. La Mamaya, c’est aussi un levier économique », ajoute fièrement le président du Sèdè.
Côté esthétique, trois tenues ont été retenues cette année pour les danseurs : le bazin bleu d’azur, le bazin blanc et le Kendéli.
Ce dernier choix s’inscrit dans une logique de réconciliation et d’unité nationale : après avoir mis à l’honneur la Forêt en 2023, puis la Moyenne Guinée en 2024, l’édition 2025 célèbrera la Basse Guinée.
Danse de l’élégance, de la dignité et de l’harmonie sociale, la Mamaya plonge ses racines dans la période coloniale, avec des origines datées entre 1936 et 1945. Son nom, selon la légende, serait inspiré d’une femme énigmatique nommée Mama, toujours présente lors des représentations.
Grâce aux contributions des griots, des notables et des Sèdès, cette célébration est devenue au fil des décennies une manifestation d’unité, de paix et de fierté nationale.
À Kankan, quand les tambours de la Mamaya résonnent, c’est toute la Guinée qui danse au rythme de son histoire, de sa diversité et de son espoir.
Dédé pour le www.Gbaikandjamana.org