Un fleuve en danger, un crime environnemental organisé. Le fleuve Sankarani, source d’eau essentielle pour des milliers de Guinéens, est aujourd’hui en péril. Dans les sous-préfectures de Mörödou et Faralakö, des orpailleurs étrangers, principalement maliens, exploitent illégalement l’or en utilisant des méthodes de dragage motorisées qui détruisent le lit du fleuve.

Mais cette catastrophe environnementale ne pourrait pas se produire sans la complicité́ de certains responsables guinéens, accusés de fermer les yeux bien qu’en étant informées de cette exploitation sauvage– voire de tirer profit –.Un désastre écologique et sanitaire
Ce dragage incontrôlé́ du Sankarani entraine une pollution massive : l’eau autrefois pure est aujourd’hui souillée par les résidus d’hydrocarbures, le mercure et le cyanure. Bien qu’elles soient cruciales dans l’extraction de l’or, selon les spécialistes environnementalistes, ces substances chimiques sont très nuisibles pour la survie de la biodiversité.

Cette contamination représente surtout une menace directe pour la santé des populations locales, qui n’ont nul autre moyen que de cette servir de cette eau pour boire, cuisiner et irriguer leurs champs.Toujours si l’on en croit aux spécialistes du domaine environnemental, les conséquences sont tout aussi multiples que dramatiques. L’un d’eux nous en énumère quelques-unes: -Augmentation des maladies hydriques et des infections cutanées -Disparition progressive des poissons et de la biodiversité́ aquatique-Dégradation des terres agricoles à cause de l’empoisonnement des sols-Erosion des berges menaçant les villages riverains
Une complicité́ au sommet : des responsables Locaux pointés du doigt

Ce pillage ne serait pas possible sans la complicité́ de certaines autorités locales. Des témoignages indiquent que des responsables administratifs et sécuritaires guinéens, censés protéger l’environnement et les populations, permettent à ces exploitants étrangers d’opérer en toute impunité́ en échange de pots-de-vin.
Un habitant de la région sous le couvert de l’anonymat témoigne : <<Nous voyons ces étrangers maliens travailler librement, accompagnés parfois de responsables guinéens qui viennent récupérer leur part. Pendant ce temps, nous, habitants de Mörödou et Faralakö, nous souffrons du manque d’eau potable et de la destruction de notre environnement.>>Pour se sauver de cette détresse, les populations appellent les autorités compétentes à l’action !Face à cette situation alarmante, les habitants des sous-préfectures de Mörödou et Faralakö exigent une intervention immédiate des autorités nationales.
Ils demandent, principalement ce qui suit : –L’expulsion immédiate des orpailleurs étrangers-Des sanctions sévères contre les responsables guinéens impliqués-La destruction des dragues et l’interdiction stricte du dragage sur le Sankarani-Une surveillance accrue pour éviter que cette situation ne se reproduiseSi les citoyens de ces localités exigent ces actions, c’est selon eux pour ne pas laisser le Sankarani mourir. Cependant si rien n’est fait rapidement, le fleuve Sankarani pourrait disparaître, laissant derrière lui un paysage dévasté́ et une population privée de sa ressource la plus précieuse : l’eau.

Il est encore temps d’agir, mais la grande question est de savoir quand ?
Alseny Philip Condé pour le Gbaikandjamana.org