LA SUITE APRÈS LA PUBLICITÉ
Ces propos traduisent mon analyse personnelle, ma manière de porter un regard critique sur la nouvelle constitution, après en avoir lu une partie, en tant que jeune citoyen guinéen conscient de la réalité quotidienne que nous vivons.
Actuellement, le seul projet financé par nos parents et par certaines personnalités haut placées dans les instances de décision, c’est la campagne de vulgarisation de la nouvelle constitution. Mais sur le terrain, cette vulgarisation ressemble davantage à une campagne en faveur du « OUI » à ladite constitution.
Des autorités administratives, aux forces vives, la société civile, les religieux, et surtout les mouvements de soutien, composés en majorité de jeunes , personne n’ échappe à cet exercice.
Dans cette quête d’adhésion populaire, la jeunesse occupe la première place. Les études montrent que plus de 70 % de la population guinéenne a moins de 35 ans. Pourtant, la plupart des grands hommes de ce XXIe siècle se sont distingués avant 40 ans, grâce à la qualité de leurs études, leur parcours professionnel et bien d’autres atouts.
D’ailleurs, dans des pays voisins comme le Sénégal ou la Côte d’Ivoire, à 35 ans déjà, on peut être candidat à l’élection présidentielle.Mais chez nous, la nouvelle constitution fixe l’âge minimum pour briguer la magistrature suprême à 40 ans.
Tu le savais ? Peut-être que non, ou alors tu n’as pas pris le temps d’analyser cet aspect. Car en réalité, cette disposition exclut une large majorité de la population. Toi et moi, peu importe nos compétences, nos relations ou nos moyens, nous ne pouvons pas nous présenter à cet âge-là.
Pourtant, ce sont nous, les jeunes, qui sommes envoyés dans les rues, sous le soleil, sous la pluie, même dans les zones les plus reculées, pour chercher l’adhésion populaire au OUI. Et paradoxalement, dans la constitution que nous défendons, nous ne sommes pas prévus alors que nous sommes le maillon incontournable du développement de la nation.
Cela dit, il ne faut pas occulter les innovations importantes contenues dans cette constitution notamment la création du Sénat et du Conseil national des sages, l’accès gratuit aux soins de santé, la gratuité de l’éducation qui doit être rendue obligatoire, la reconnaissance des candidatures indépendantes, la promotion des langues nationales, et surtout le veto populaire avec le droit de pétition.
Ces points, à mon avis, proviennent des grandes consultations menées auprès du peuple à la base.Mais fixer l’âge minimum à 40 ans, n’est-ce pas une façon d’écarter la jeunesse de la magistrature suprême ? N’est-ce pas une limitation de nos aspirations ?Cela ne contredit-il pas le célèbre slogan qui dit que l’avenir appartient à la jeunesse ?Concernant le débat entre le OUI et le NON, certains diront que ce passage n’est pas une suite logique.
Mais moi, je pense au contraire qu’il complète le texte.Voter OUI signifie la fin de la transition et contraindra les autorités à organiser rapidement des élections pour un retour à l’ordre constitutionnel. Voter NON prolongerait la transition. Cela obligerait à reprendre le processus de réécriture de la constitution, et surtout à mobiliser de nouvelles ressources pour organiser un autre référendum, avec tout le coût financier que cela implique.

Alors, jeune , je t’invite à lire cette constitution, à en comprendre les articles, afin que tu puisses décider par toi-même et voter en toute conviction, sans que ta conscience soit achetée avec des miettes. C’est une opportunité, car ce processus se déroule à notre époque.
Pour rappel, voter OUI ne signifie pas voter pour la candidature du président Mamadi Doumbouya. Ce référendum n’est pas une élection présidentielle.
Par Moussa TOURÉ