Conakry, la capitale qui ne dort jamais, vit une recrudescence alarmante des vols en ce mois de Ramadan. Non, il ne s’agit ni d’un nouveau variant du Covid-19 ni d’une grippe inconnue, mais bien d’un « virus » bien enraciné dans le paysage urbain : le vol en plein jeûne. Une « maladie » chronique qui touche des individus de tout âge et de toute corpulence, avec une propagation fulgurante qui ferait frémir l’OMS.

Dans les marchés, aux abords des mosquées, dans les lieux de commerce et même dans les salons où certains fidèles tuent le temps avec des discussions philosophiques, les pickpockets et autres virtuoses du « prélèvement bancaire non autorisé » opèrent sans relâche.

Portefeuilles, téléphones, sacs de provisions et même les plateaux destinés à la rupture du jeûne sont dérobés avec une habileté digne d’un tour de magie.

L’ironie de la situation réside dans la réactivité des citoyens, souvent plus rapides qu’Usain Bolt. Les scènes se terminent généralement par une justice populaire expresse, filmée en haute définition, et relayée sur les réseaux sociaux.

Facebook, WhatsApp et autres plateformes deviennent alors des journaux télévisés du crime, où l’indignation collective s’exprime à coups de commentaires enflammés.
Pourquoi une telle flambée des vols pendant le Ramadan ?

Plusieurs facteurs entrent en jeu. La crise économique qui rend la vie plus chère que le prix du carburant au marché noir, la tentation de l’argent facile, et la baisse de vigilance des jeûneurs épuisés, tiraillés entre la faim, la prière et la recherche du meilleur « composé » pour la rupture.

Certains voleurs invoquent la pauvreté pour justifier leurs actes, mais soyons honnêtes : ce n’est pas parce que tu as faim que tu dois arracher ce qui appartient à un autre jeûneur.
Ce qui frappe surtout, c’est la rapidité avec laquelle la justice populaire agit.

En quelques secondes, une foule surgit, maîtrise le voleur et lui administre une « formation express en discipline sociale » — entendez par là une pluie de coups bien placés.

Parfois, la police arrive à temps pour éviter le pire. Mais bien souvent, le voleur finit par livrer une confession publique sous les caméras, avec une voix tremblante et des excuses plus sincères qu’un candidat aux élections.
Alors que le Ramadan se poursuit, Conakry reste le théâtre de cette « épidémie ».
Reste à espérer que la sécurité soit renforcée et que la peur du châtiment populaire en dissuade plus d’un. Que Dieu nous protège… et veille surtout sur nos poches !
Ibrahima Sory Keita pour le www.Gbaikandjamana.org
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