L’armée malienne a quitté l’un de ses camps militaires stratégiques dans le centre du Mali, après avoir subi deux attaques sanglantes en moins d’une semaine, attribuées à des groupes jihadistes. Ce retrait intervient dans un climat de recrudescence des violences dans la région du Sahel.
Départ du camp de Boulkessi
Le vendredi 6 juin, les forces armées maliennes (FAMa) ont abandonné le camp de Boulkessi, situé au centre du pays, à la suite de deux assauts violents. Le dernier, survenu jeudi, a causé la mort de plusieurs soldats, selon un élu local contacté par l’AFP, qui a confirmé que les derniers militaires sur place avaient quitté les lieux.
Quelques jours plus tôt, dimanche, le même camp avait été la cible d’une attaque qui aurait fait au moins 30 morts dans les rangs de l’armée, selon des sources sécuritaires et locales. Ce bilan pourrait être plus élevé. L’assaut a été revendiqué par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda. Dans un communiqué diffusé sur sa plateforme de propagande Al-Zallaqa et authentifié mardi par l’ONG américaine SITE, le groupe affirme avoir tué plus de 100 militaires maliens et leurs « mercenaires », tout en s’emparant de véhicules, d’armes et de munitions.
Un repli présenté comme stratégique
Des sources sécuritaires et militaires évoquent un « retrait stratégique et tactique » ordonné par la hiérarchie militaire. « À la demande du commandement, les FAMa ont évacué le camp de Boulkessi. Il n’y reste désormais aucun soldat », a précisé une source sécuritaire.
Ce retrait suscite une vive inquiétude au sein de la population locale. « Nous sommes très inquiets ici à Boulkessi. Les militaires sont partis avec toutes leurs affaires après l’attaque d’hier, qui a fait des morts », a confié un fonctionnaire local.
Montée des violences et mesures sécuritaires
Face à la multiplication des attaques jihadistes, plusieurs régions maliennes ont instauré ou renforcé des couvre-feux, notamment à Tombouctou (nord), Ségou (centre), Dioïla (centre) et Sikasso (sud), alors que le pays célébrait la fête musulmane de la Tabaski ce vendredi.
Dans un communiqué publié jeudi, l’état-major malien a dénoncé une recrudescence des « attaques lâches et barbares contre les localités, les populations civiles et les positions militaires » du Mali et des États membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), qui regroupe le Mali, le Burkina Faso et le Niger.
Le même jour, des hommes armés ont attaqué un poste de sécurité à Mahou, dans le sud du pays, faisant cinq morts et dix blessés. Là encore, des sources locales ont pointé la responsabilité des jihadistes.
Lundi, un autre assaut coordonné avait déjà visé un camp militaire et l’aéroport de Tombouctou.
Un pays sous la menace jihadiste depuis 2012
Le Mali est plongé dans un cycle de violences depuis 2012, marqué par les actions de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et à l’État islamique, mais aussi par des conflits intercommunautaires. La ville de Tombouctou, notamment, a connu plusieurs mois d’occupation jihadiste cette année-là.
Souleymane Tata Bangoura pour le Gbaikandjamana.org
Source : France 24