L’affaire défraie la chronique à Sanoyah, une localité de la commune du même nom. Un Imam du nom d’Aly Kanté est accusé d’avoir enceinté une jeune fille dont l’âge serait compris entre 15 et 20 ans, selon des informations recueillies auprès de ses proches. Révélée la semaine dernière, l’histoire remonte pourtant à plusieurs mois.

Contacté par notre rédaction, Karamo Kanté, frère cadet de l’Imam mis en cause, dénonce une machination visant à nuire à la réputation de son aîné. « C’est une conspiration contre mon frère. La fille est notre voisine, amie avec la fille de l’Imam. C’est elle qui a insisté pour se voiler, et mon frère a accepté en achetant même deux voiles pour elle dans un lot destiné aux femmes de la communauté. Il l’a même mise en contact avec un prétendant. Comme son téléphone était endommagé, il a proposé que sa fille lui prête sa puce pour faciliter la communication », explique-t-il.
Mais selon lui, l’accusation ne tient pas. « Ce qui est bizarre, c’est que depuis cette histoire jusqu’à la déclaration de la grossesse, quatre mois se sont écoulés. Pourtant, les médecins affirment qu’elle est enceinte de huit mois et deux semaines. Comment expliquer cela ? »
Karamo affirme que son frère a proposé une solution radicale : « Mon frère a envoyé le Coran pour qu’ils jurent, mais ni la famille de la fille ni ceux chez qui ils ont porté plainte n’ont accepté. Il a reconnu les faits à la gendarmerie uniquement sur conseil de son avocat, dans le but d’apaiser la situation. Mais il a exigé qu’un test ADN soit réalisé après la naissance pour établir la vérité. »
Dans le quartier, l’affaire divise. Un habitant, sous anonymat, évoque une tension latente : « Il y a un problème ethnique. L’Imam a été remplacé après l’affaire, mais avant cela, il avait fait venir deux Imams de son ethnie pour le seconder. Cela a créé des remous dans la mosquée. Certains fidèles ont exigé qu’on maintienne l’autre Imam, d’une ethnie différente, pour préserver l’équilibre. »

Dans l’enceinte de la mosquée, Abdoulaye Keita, fidèle pratiquant, préfère s’en remettre à Dieu : « Même en islam, il faut quatre témoins pour prouver un adultère. Ici, personne ne peut en témoigner. Il n’y a que Dieu qui connaît la vérité. Prions qu’elle éclate au grand jour. »
Une affaire aussi complexe que sensible, dans laquelle les accusations se mêlent aux soupçons d’instrumentalisation et aux tensions communautaires.
Seul un test ADN pourrait, peut-être, ramener un semblant de vérité dans ce climat de doute.
Aliou Diallo pour www.Gbaikandjamana.