Un collectif de journalistes, cartographes et scientifiques des données a établi à 65 le nombre de morts recensés lors des violences politiques ayant secoué le Sénégal entre mars 2021 et février 2024. Parmi eux, 51 ont été tués par balles, soit 81 % des victimes, en grande majorité des jeunes. L’âge moyen des victimes est de 26 ans, la plus jeune ayant 14 ans et la plus âgée 53 ans.
Ces violences ont éclaté dans un contexte de crise politique majeure, marquée par l’opposition entre Ousmane Sonko, alors farouche adversaire du président Macky Sall, et le pouvoir en place.
La contestation a été alimentée par des accusations de viol portées contre Sonko en février 2021, ainsi que par le flou entretenu par Macky Sall sur une éventuelle candidature à un troisième mandat en 2024.
La répression des manifestations, menée par les forces de défense et de sécurité, a été particulièrement meurtrière.
Le collectif CartograFreeSenegal, en partenariat avec Amnesty International, a mené un travail minutieux de documentation en établissant un lien direct avec les familles des victimes et en examinant certificats d’autopsie, photos, vidéos et témoignages.
D’après leurs conclusions, un grand nombre des victimes étaient ouvriers, mécaniciens, élèves ou étudiants, pris dans la tourmente des affrontements.
Face à ces drames, la question de la justice reste entière. Le gouvernement d’Ousmane Sonko, désormais Premier ministre, a annoncé en décembre 2024 vouloir abroger la loi d’amnistie adoptée sous Macky Sall, ouvrant la voie à de possibles poursuites.
Mais pour les familles endeuillées, une interrogation demeure : les coupables seront-ils un jour jugés ?
Mory Faraba Dioumessi pour le Gbaikandjamana.org
Source : VOAFRIQUE