Siguiri, au cœur de la Haute Guinée, traverse une crise environnementale sans précédent. Sur le terrain, les signes sont visibles et alarmants : des marigots asséchés, des animaux à la recherche désespérée d’eau, des sols craquelés par la sécheresse.

Ce paysage, autrefois verdoyant et nourricier, se transforme lentement mais sûrement en désert.
En cause : l’exploitation minière sauvage, sans cadre ni conscience. Des entreprises minières opèrent dans la région, souvent sans études d’impact environnemental ni plans de gestion durable.

Dans certains cas, les permis d’exploitation sont délivrés dans une opacité totale, sans véritable suivi ni contrôle. Pire encore, l’usage incontrôlé de produits chimiques toxiques contribue à la destruction des terres agricoles, à la pollution des eaux et à l’appauvrissement progressif de la biodiversité locale.

Les conséquences humaines et animales sont immédiates. À défaut d’accès à une eau potable et propre, le bétail se contente de mares boueuses, sources potentielles de maladies. Les agriculteurs se plaignent de la stérilité des terres, pendant que les jeunes fuient vers les villes ou s’embarquent dans l’exploitation artisanale de l’or, faute d’alternatives viables.
Face à cette situation, le silence de certaines autorités interpelle. L’inspection environnementale est absente du terrain, et les rares contrôles relèvent plus du symbolique que du correctif. L’impunité règne, pendant que l’environnement s’effondre.
Pourtant, le cadre légal existe. Le code de l’environnement autorise les citoyens, à travers des associations, à engager des actions contre les pollueurs. Mais faute d’information, de soutien et parfois de courage politique, les initiatives restent timides. Les communautés, déjà appauvries, peinent à s’organiser pour défendre ce qui leur reste.
Le constat est clair : la Haute Guinée, et particulièrement Siguiri, est laissée à la merci d’un extractivisme débridé qui détruit sans reconstruire. Sans un sursaut collectif, la Préfecture risque de basculer dans une catastrophe écologique irréversible.
Mory Faraba Dioumessi et Alseny Philip Condé pour le www.Gbaikandjamana.org