Dans plusieurs districts de Siguiri, les luttes pour la chefferie opposent souvent deux groupes, chacun cherchant à asseoir son autorité.
Mais au lieu d’éclairer l’opinion, certains journalistes préfèrent tirer profit de ces tensions. Lorsqu’ils quittent Siguiri pour couvrir ces conflits, leur objectif n’est parfois pas d’informer, mais de soutirer de l’argent aux responsables locaux. Ils prétendent être neutres, mais prennent discrètement parti en échange d’enveloppes bien garnies.
Pire encore, certains vont jusqu’à jouer un double jeu : encaissant de l’argent des deux camps, ils rédigent des articles truffés de sous-entendus et de jeux de mots, au point que le lecteur s’y perd.
Ce n’est qu’une fois sur le terrain que l’on se rend compte que ce qui a été publié est bien loin de la réalité. Le rôle d’un journaliste est pourtant clair : rapporter les faits de manière équilibrée, sans parti pris ni influence financière. L’information doit éclairer, pas manipuler. Il est urgent que l’éthique prime sur les intérêts personnels, afin que la presse reste un véritable pilier de la démocratie et non un simple outil de pression au service du plus offrant.
À Siguiri, l’éthique journalistique semble parfois céder la place à des intérêts financiers. Certains reporters, lorsqu’ils se rendent dans des districts en conflit avec leur bureau, adaptent leur plume à leurs gains.
S’ils sont bien reçus, leurs articles prennent des allures de plaidoyer. Mais si l’enveloppe tarde à venir, leurs publications deviennent subitement incendiaires.Cette pratique, loin des principes d’impartialité, fragilise la confiance du public et attise les tensions locales.
L’information est-elle devenue un commerce où la vérité dépend du montant perçu ?
À chacun de juger.

Alseny Philip Condé