Il faut oser. Il faut une dose rare de culot pour que Tibou Kamara, ancien acteur zélé du système Alpha Condé, se permette aujourd’hui de faire la leçon à ceux qui tentent de redresser un pays qu’il a contribué à mettre à genoux.
À force de tourner autour du pouvoir comme un caméléon affamé de privilèges, voilà qu’il se réinvente en critique acerbe de la transition, oubliant commodément son passé de courtisan et de manœuvrier dans l’ombre.Mais la Guinée a changé. Le peuple a ouvert les yeux. Il connaît les visages de ceux qui ont trahi ses espoirs pour servir leurs intérêts. Qu’a fait Tibou Kamara lorsque la Constitution a été piétinée ? Où était son indignation quand les opposants étaient embastillés, les libertés confisquées et le pays saigné par une gouvernance prédatrice ? Nulle part. Il jouait son rôle, tapis dans le confort du pouvoir, maître dans l’art du double langage.
Aujourd’hui, il crie au loup, comme si la transition lui faisait peur. Et pour cause : elle menace un ordre ancien dont il était l’un des architectes silencieux. Qu’il critique, c’est son droit. Mais qu’il s’imagine crédible relève de la farce. On n’efface pas sa responsabilité par des tribunes remplies de venin et de fausse sagesse.
La Guinée n’a pas besoin de mémoire courte. Elle a besoin de vérité, de justice et d’hommes nouveaux — pas de revenants du passé déguisés en prophètes du changement.
Par Ibrahim Diallo journaliste, indépendant.