Depuis que la sentence est tombée, le lundi 26 mai 2025, dans la tonitruante affaire de vol de téléphones appartenant aux enfants du célèbre humoriste feu Moussa Koffoé Keïta (paix à son âme), les commentaires vont tous azimuts. Reconnu coupable, Mohamed 1 Camara a été condamné à 10 ans de prison et au paiement de 5.000.000 de francs guinéens comme amende.
La peine infligée est diversement appréciée.
Les opinions sont exprimées tant sous le prisme juridique que sous l’angle sociologique. I. Une peine juridiquement fondée Ce que nombre ignorent, c’est que les sanctions pour vol ou tentative de vol varient en fonction de la gravité de l’infraction et des circonstances entourant l’acte.
Et pour précision, aux termes des débats, plaidoiries et réquisitions, le président du tribunal, le juge Sékou Ibrahima Soumah, a requalifié les faits reprochés au mis en cause en des vols aggravés et d’abus de confiance.
En effet, aux termes des dispositions de l’article 374 du Code pénal « Est puni d’un emprisonnement de 3 à 10 ans et d’une amende de 1.000.000 à 5.000.000 de francs guinéens ou de l’une de ces deux peines seulement, le coupable de vol ou de tentative de vol commis avec 2 au moins des 8 circonstances aggravantes suivantes :
1. nuit ;
2. réunion ou bande organisée ;
3. effraction inférieure et extérieure ;
4. escalade ;
5. fausses clefs ;
6. violence ;
7. automobile ;
8. faux titre. »
Également, au point 4 de l’article 382 du même Code pénal, est puni d’un emprisonnement de 3 à 10 ans et d’une amende de 500.000 à 5.000.000 de francs guinéens ou de l’une de ces deux peines seulement, tout individu coupable de vol ou de tentative de vol, « lorsqu’il est commis dans un local d’habitation… ».
À la lecture combinée des dispositions susvisées, il apparait, sans ambages, qu’une personne coupable de vol ou de tentative de vol peut, en fonction de la gravité de l’acte, écoper d’une peine allant de 3 à 10 ans de prison. Nul besoin de rappeler ici que la loi confère au juge le pouvoir d’appréciation des cas soumis à son office.
Le fait reproché à Mohamed 1 Camara a été commis dans un local d’habitation (article 382 visé plus haut) lors des obsèques. De par cet acte, le mis en cause a rajouté à l’affliction de la famille. Ce qui, forcément, constitue une situation aggravante. Cependant, si la peine infligée est juridiquement fondée, il faut souligner qu’elle est mal perçue par nombre de citoyens.
II. Une peine sociologiquement mal perçue
Si certains estiment que le président du tribunal de première instance de Kindia a été sévère ou a eu la main très lourde en rendant la sentence, pour d’autres par contre, la peine est à la hauteur de l’infraction commise.
En faisant le lien avec la condamnation de Alseny Bangoura à 3 ans de prison pour viol sur une fillette de 9 ans, au tribunal de première instance de Mafanco, le mardi 29 avril 2025, d’aucuns estiment qu’il y a disproportionnalité. « En Afrique, les juges ne tolèrent pas les vols qualifiés ! En Guinée, un jeune homme a été condamné à 10 ans de prison ferme à Kindia pour vol de téléphones ; En Côte d’Ivoire, un individu a écopé de 20 ans de prison ferme à Dimbokro pour vol de cabri », ironisent certains.
La toile continue de s’enflammer et les commentaires vont dans toutes les directions.
Sayon MARA, Juriste