Le quartier Matam Lido, dans la commune de Matam à Conakry, est une nouvelle fois secoué par une série de drames liés à la consommation de drogues dures, notamment le Kush. En l’espace d’une semaine, neuf jeunes ont été retrouvés morts, dont deux rien que pour la journée du mardi 1er juillet 2025.

Le dernier cas en date a été découvert ce même mardi en fin de soirée, en bordure de mer. Le corps d’un jeune homme, vraisemblablement trentenaire, a été retrouvé allongé sur le dos, vêtu uniquement d’un boxer. À ses côtés, un jean et un polo soigneusement pliés posés sur une planche. Une mise en scène qui intrigue autant qu’elle bouleverse.

Alertés par Ousmane Camara, président du conseil de quartier de Matam Lido, les agents du commissariat central de Matam, appuyés par la police scientifique, ont rapidement investi les lieux. Le secteur, habituellement fréquenté par de jeunes toxicomanes réfugiés dans des abris précaires, était totalement désert au moment de l’arrivée des forces de l’ordre. Une enquête de voisinage a été menée, sans succès : le jeune homme reste, à ce jour, non identifié.
Le Colonel Mohamed N’Diaye, chef de la police technique et scientifique, a livré une première analyse :
« Tout porte à croire qu’il s’agit d’un toxicomane. On a retrouvé des résidus de stupéfiants près du corps, mais les causes exactes du décès restent inconnues pour l’instant. »
Ce neuvième décès en une semaine n’est qu’un épisode de plus dans une série devenue presque banale pour les habitants. Ousmane Camara, visiblement épuisé, tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme :
« Ce fléau est devenu incontrôlable. Il y a un réseau bien structuré ici, un cartel même. Des jeunes venus de partout se retrouvent au bord de mer pour consommer toutes sortes de drogues : Kush, chanvre indien, drogues mélangées. Nous avons tenté à plusieurs reprises de les déloger, mais nous n’avons pas les moyens. »
Face à cette situation, la population locale a décidé de dire stop. Fatigués d’inhumer des corps non identifiés, les habitants de Matam Lido, soutenus par les autorités religieuses, refusent désormais toute inhumation sur place.
« Les imams se sont concertés et ont tranché : plus aucun enterrement de ces victimes ici. Ils m’ont même appelé pour me prévenir », confie le chef de quartier.
Mais pour lui, cette responsabilité est trop lourde à porter seul :
« Quand les autorités viennent, elles me renvoient la balle. Mais je ne peux pas gérer ça tout seul. Je n’ai ni morgue, ni moyen de garder un corps. »
Un cas récent illustre toute la gravité de la situation :
« Il y a quelques jours, un jeune a été enterré dans l’urgence. Sa famille s’est manifestée plus tard pour dire que c’était leur fils. Mais il était déjà trop tard. »
Ousmane Camara lance un appel direct à la jeunesse :
« Arrêtez de consommer ces poisons ! Le Kush tue. Il détruit les organes, provoque des arrêts cardiaques, et vous mène à une mort certaine. »
En guise de solution, le chef de quartier propose l’installation d’un poste avancé de sécurité :
« S’il y a une présence policière fixe ici, cela dissuadera les jeunes. Ils se faufilent par des embouchures pour accéder à la plage. Il suffit de bloquer ces accès et de maintenir une surveillance constante. »
Pour l’heure, le corps du jeune homme découvert ce mardi a été acheminé à la morgue pour une autopsie, en attendant d’éventuelles réclamations familiales.
En attendant une action concrète des autorités, Matam Lido continue d’être le théâtre silencieux d’une hécatombe. Neuf morts en une semaine. Neuf familles qui ignorent peut-être encore que leurs enfants ne rentreront plus.
Ousmane Keïta pour le www.Gbaikandjamana.org
Source : Médiaguinée.com