À l’aube de ce lundi 19 avril 2025, un drame humain s’est noué à Taouyah, un quartier de la commune de Ratoma à Conakry.

Une cinquantaine de personnes issues de la famille Bangoura ont été brutalement expulsées de leur concession familiale par des gendarmes, suite à une vente jugée frauduleuse. L’opération, survenue aux environs de 6 heures, a plongé ces habitants dans le désarroi total.
« On dormait encore quand les pick-up sont arrivés. Plus d’une vingtaine. Ils nous ont dit que notre maison a été vendue et qu’ils venaient nous déguerpir », raconte M’mah Bangoura, encore sous le choc.
À l’origine de cette expulsion : Ousmane Camara, présenté comme le fils de la sœur du défunt patriarche Bangoura. Cet homme aurait affirmé que la concession appartenait à sa mère aujourd’hui décédée, avant de la vendre à un tiers, déclenchant cette vague de désolation. Selon les témoignages, ce n’est pas la première fois qu’il tente de s’approprier illégalement cette propriété.
Djenab Bangoura, l’une des victimes, s’insurge : « Ce domaine appartient exclusivement aux Bangoura. C’est une concession héritée de nos pères depuis l’époque coloniale. Ousmane Camara a vendu les biens de son propre père, et maintenant il veut s’emparer de notre héritage. Il ne vit même pas ici ! »
Le contentieux ne date pas d’hier.
En 2007, un procès avait opposé la famille Bangoura à Ousmane Camara, à l’issue duquel la justice aurait tranché en faveur des Bangoura. « Il avait été condamné à une amende. On pensait que l’affaire était terminée », témoigne Alhassane Bangoura.
Pourtant, ce lundi, les forces de l’ordre ont agi sans préavis ni concertation avec les autorités locales, selon les riverains.
Les dégâts matériels sont considérables : tôles arrachées, murs démolis, portes et fenêtres emportées. Les affaires des familles sont désormais éparpillées dans la rue, à la merci des voleurs et des intempéries.
Dans ce chaos, les cris de détresse résonnent.
« Nous n’avons plus rien. Mon frère, un gendarme venu de Siguiri, a été arrêté. Nos enfants dorment dehors. Je ne sais plus quoi faire, je préfère mourir », sanglote M’mah Bangoura, la voix brisée.
Alors que les nouveaux occupants commencent déjà à poser des piquets pour délimiter le terrain, la famille Bangoura, elle, se prépare à passer sa première nuit à la belle étoile.
Et dans ce vacarme d’injustice, une seule voix monte : celle d’un appel au président Mamadi Doumbouya.
Un appel à rétablir le droit, avant que l’histoire d’un héritage perdu ne se transforme en tragédie humaine irréversible.
Conakry,Dede pour le www.Gbaikandjamana.org