À Dubréka, de vives tensions perturbent le déroulement du Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH-4). En cause : le non-respect des engagements contractuels, notamment le paiement des primes promises aux agents recenseurs. Ces derniers menacent de boycotter la suite des opérations si des solutions urgentes ne sont pas apportées.
Selon Alpha Oumar Diallo, agent recenseur,
« Orange a commis une erreur en versant deux millions de francs guinéens sur les comptes des agents, au lieu des 280 000 GNF prévus comme prime de formation. À Dubréka, cette situation a engendré trois cas de figure :
1. Des agents ont reçu les deux millions et les ont entièrement retirés.
2. D’autres ont reçu l’argent mais ne l’ont pas retiré ; cependant, Orange aurait procédé au retrait total du montant.
3. Certains ont retiré une partie de la somme avant qu’Orange ne récupère le reste (environ 1 750 000 GNF). »
Lors d’audiences organisées pour éclaircir la situation, plusieurs agents ont nié avoir reçu ou retiré l’argent, malgré la présence de preuves de transactions. D’autres soutiennent qu’Orange a récupéré les fonds alors qu’ils les avaient déjà partiellement ou totalement retirés.
Cette confusion a provoqué un profond sentiment d’injustice parmi les agents, d’autant plus que certains n’ont rien perçu, tandis que d’autres, jugés inactifs ou démissionnaires, auraient reçu la totalité des montants. Un climat d’indignation et de frustration règne donc sur le terrain.
Ibrahima Sory Camara, agent recenseur à Khörira, exprime son exaspération .
« Si d’ici la fin de la journée je ne reçois pas les 25 % restants, je quitte le terrain. J’ai tout pris en charge moi-même. Je ne blâme pas l’INS, mais plutôt nos encadreurs de Dubréka qui nous traitent avec mépris. Ils se croient intouchables parce qu’ils ont des relations, mais moi aussi j’ai des contacts au ministère. »
Il dénonce également le non-respect des protocoles établis lors des formations, ainsi que les retards de paiement malgré le travail déjà effectué.
Jacqueline Guillavogui, une autre agente recenseuse à Dubréka, renchérit .
« Nous sommes frustrés. Rien de ce qui a été promis pendant la formation n’a été respecté. Nous avons accepté de descendre sur le terrain malgré les conditions précaires, mais jusqu’à présent, nous n’avons pas perçu nos primes de formation. Les 150 000 GNF alloués pour le transport sur un mois sont dérisoires. Nous avons agi par patriotisme, pas pour l’argent, mais nous exigeons que nos droits soient respectés. »
Contacté par téléphone par la rédaction de www.gbaikandjamana.org Soumah, chargé de communication de l’Institut National de la Statistique (INS), reconnaît l’erreur commise par Orange dans les virements, mais appelle les agents à la retenue

« Il était prévu que les agents reçoivent 280 000 GNF lors de la formation. Orange s’est trompé en envoyant deux millions. Beaucoup ont retiré l’argent sans attendre les instructions. Aujourd’hui, certains refusent de rembourser, ce qui complique la redistribution à ceux qui n’ont rien perçu. »
Il assure néanmoins que l’INS s’engage à payer tous les agents concernés .
« Depuis le lancement de l’opération en 2022, aucun agent actif n’a été laissé sans paiement. Ceux qui sont sur le terrain recevront ce qui leur est dû. Nous avons opté pour un paiement via Orange pour garantir la traçabilité. Chaque transaction est justifiée, et les retards s’expliquent en partie par le déficit de liquidité dans le pays. »
Soumah précise enfin que les agents ayant reçu les deux millions et à ceux qui n’ont rien perçu, ils seront intégralement payés, à condition de faire preuve de patience.
La situation à Dubréka illustre les défis logistiques et financiers auxquels le RGPH-4 est confronté. Alors que les agents recenseurs dénoncent un traitement inéquitable, l’INS promet des solutions.

Toutefois, sans une communication transparente et une gestion rigoureuse des paiements, le risque d’un boycott généralisé reste bien réel.
𝐒𝐨𝐮𝐥𝐞𝐲𝐦𝐚𝐧𝐞 𝐓𝐚𝐭𝐚 𝐁𝐚𝐧𝐠𝐨𝐮𝐫𝐚 et Banana Chérif pour www.gbaikandjamana.org+224 621-519-282