Fils d’un président, il arbore ses locks, symbole d’une identité fière, et se tient aux côtés des premiers dirigeants d’un pays, sans jamais essuyer la moindre critique.
Loin d’être qualifié de délinquant ou d’irresponsable, il est accueilli avec déférence. Les portes des institutions s’ouvrent grand devant lui, les ministres inclinent la tête, les décideurs lui réservent leurs salutations les plus chaleureuses.
On ne lui reproche pas sa coiffure, ses dreadlocks symboles d’une résistance ancestrale. On lui dit plutôt : « Bienvenue, très cher, votre présence honore nos… »

Mais qu’un autre citoyen, issu du peuple, ose porter ces mêmes locks, ces tresses sacrées qui portent l’héritage de la liberté et de la lutte. Il sera scruté, jugé, marginalisé et se verra refuser l’accès à certains bureaux.
Un Directeur inkulte, esclave de maison, drapé dans son costume mal taillé, le pointera du doigt, décrétant que sa coupe est irresponsable.
Un pseudo-intellectuel, aliéné par des idéaux importés, viendra avec ses paradigmes arabiques ou écoliers invisibles trancher dans son estime, ou lui lancer un regard chargé de préjugés, comme si ses cheveux étaient une offense à la civilisation.
Et pourtant, ces locks, ces tresses, ne sont pas de simples ornements. Elles sont un cri d’appartenance, un écho des traditions mandingues, des poètes rasta, des résistants qui ont refusé de plier sous le joug colonial.
Elles racontent l’histoire des peuples qui, de Gorée à Kingston, ont transformé la douleur en fierté.
Mais malheureusement, dans un monde où le privilège dicte les normes, le fils du président est un roi, tandis que le fils du peuple est un paria, jugé pour la même couronne capillaire.
Je suis jeune, formé par mes études et animé par l’ambition d’occuper des fonctions de haut rang dans mon pays. Je porte mes tresses avec fierté, sans jamais craindre le regard des autres ni m’inquiéter des jugements futurs.
Je connais ma valeur, j’assume ce que je porte, et je suis ancré dans mon histoire. Loin d’être complexé, je célèbre l’héritage de mes Anckhêtres, qui ont façonné des civilisations et porté ces mêmes tresses avec dignité.
Décomplexez-vous!
M. Sacko Ibrahima Sory.